Yahourt à la grecque: une recette
Souvent, les artistes nous expliquent qu'il est impossible de connaitre les recettes (et à fortiori de s'en servir) pour accéder à un succès certain. Soit.
A l'inverse, il semblerait que pour accoucher d'un véritable bouillon, il faille suivre les préceptes suivants:
- adapter un roman un brin abscons dont les rares adorateurs vous avouent qu'il vaut mieux connaître sur le bout des doigts ses classiques (grecs) ou s'armer de Google pour piger quelque chose à un dénouement qui n'est salutaire que parce qu'il rend les trois premiers quarts du roman intelligible.
- avoir des idées de mise en scènes digne des pires réalisations de l'ORTF de 1965 (environ)
- prendre des acteurs insipides ou réellement très mauvais.
- si par hasard se cachent au milieu de la distribution de véritables talents (Orson Welles, Michel Bouquet), rater les post-synchros pour mettre leur performance au diapason du reste de la troupe.
- Ajouter Sylvie Vartan pour chanter de manière plate une chanson sans âme.
- bénéficier du budget le plus mince possible pour donner à chaque plan cette touche fauchée qui ôte toute once de vérité, dans les costumes comme dans les décors.
- ne pas hésiter à saupoudrer le tout de deux ou trois scènes baignées d'un érotisme poussiéreux et compassé.
- intégrer deux ou trois effets spéciaux absolument horribles pour être sûr que les derniers spectateurs vivants au moment de leur apparition fuient en hurlant, non de peur mais d'un rire hystérique et hargneux.
- s'assurer d'un final ou le grotesque le dispute au désintérêt le plus profond.
Si avec tout ces éléments vous ne présentez pas un brouet totalement indigeste, c'est que vous êtes un génie.
Harry Kûmel n'en est pas un.
Il a finit sa carrière, presque 20 ans plus tard, en éclaboussant la "série rose" de l'immensité de son talent.
Malperthuis signifie "mauvais chemin".
Plus qu'un aveux. Une promesse.