Par rapport à aujourd'hui, au niveau musical, l'opérette apparaît comme la Préhistoire. Donc Mam'zelle Nitouche donne l'impression de faire partie d'une époque très très lointaine. Inévitablement, ce film a un goût de désuétude, pour ne pas dire poussiéreux, très fort, mais si on accepte d'avoir ce dernier en bouche, le temps de la vision, on peut passer un moment, certes, pas marquant, mais pas du tout désagréable aussi.
J'avais déjà vu le remake des années 50 qu'avait réalisé Yves Allégret, qui n'est autre que le frère du cinéaste Marc Allégret, qui a dirigé le film original. Et, pour la seule fois, je dois dire que le bon sans plus Marc Allégret a été supérieur à l'excellent Yves Allégret... Si Pier Angeli est beaucoup plus kiffante que Janie Marèse, par contre, Raimu est supérieur à un Fernandel désagréablement cabotin. En outre, le film est mieux rythmé. Par exemple, la partie dans la caserne apparaît interminable dans le Yves Allégret, alors qu'elle est assez bien maîtrisée dans le Marc.
L'immense Raimu, sans atteindre ses plus hauts sommets, apparaît en grande forme. Mais le film permet surtout de voir l'actrice Janie Marèse, dans un de ses deux seuls rôles principaux, l'autre étant celui, mémorable, de la pute sans cœur dans La Chienne de Jean Renoir, avant qu'un accident de voiture fatal mette fin à une carrière qui s'annonçait prometteuse, qui, si elle chante comme une casserole, se débrouille très bien dans les scènes comiques.
Allez un petit voyage dans la Préhistoire musicale, ça n'a jamais fait de mal...