En un seul court-métrage de 3 minutes (une démo technique visible sur youtube ou sur la fiche SC), Andres Muschietti tape dans l'oeil avisé de Guillermo del Toro pour produire son premier long.
Derrière le plan marketing "Produit par" et une bande annonce bien ficelée avec une promesse client "jumpscare assuré", se cache une oeuvre globalement maîtrisée.
Dès les premières images, la qualité technique est évidente avec une photographie superbe, une caméra mobile qui utilise parfaitement les espaces.
Les CGI ne sont pas en reste, discrets et efficaces, le travail sur chaque apparition du spectre est impressionnant. Une apparence humaine, mais difforme, une façon de se déplacer dérangeante qui rappelle certaines apparitions glaçantes dans Ring.
Le réalisateur ménage parfaitement ses effets, sans être révolutionnaires, qui fonctionnent à tout les coups tant la technique subtile sert la mise en scène.
Ce qui va sublimer ce simple film de fantôme, à la trame globale académique, c'est à la fois ses formidables acteurs, et leur écriture très fine dans leur évolution.
Jessica Chastain, en rockeuse tatouée, se retrouve malgré elle à gérer un rôle de maman de substitution face au retour des deux enfants, au milieu d'une famille artificiellement recomposée.
Les deux petites filles, justement. De l'état animal, leur retour progressif à une certaine humanité, est parfaitement traduit dans leurs regards, ainsi que dans leur façon de se mouvoir.
Une séquence symbolise toute cette évolution, où Chastain et la plus petite des soeurs, entament leur passage du rejet à l'acceptation, dans un jeu de regard et gestuel qui fut réellement émouvant pour moi.
Enfin, pour les fans de Game of Thrones, Nicolaj Coster Waldau y est impeccable.
La dernière partie, bien qu'expédiée avec trop de raccourcis scénaristiques, prend une dimension totalement lyrique et poétique, tant dans sa mise en scène que par ses thématiques, qui vire au conte pour adulte.
Une fin épique, qui m'a beaucoup rappelé Sleepy Hollow dans son ambiance visuelle notamment.
Pour résumer, si vous avez aimé l'Echine du Diable, le Labyrinthe de Pan, Mama est de cette veine de films d'épouvante hispaniques, qui subliment un récit d'un classicisme évident, grâce à sa sensibilité visuelle et ses thématiques qui élèvent le film parmi les valeurs sûres du genre.