Adapté du court-métrage éponyme, Mama propulse le réalisateur Andrés 'Andy' Muschietti au rang de nouveau maître de l'horreur moderne grâce notamment à la participation de Guillermo del Toro, ici producteur qui a lancé le projet après avoir vu le court original. Toutefois, ce passage sur grand écran n'est pas exempt de défauts hollywoodiens qui auraient pu être parfois évités... En premier lieu, on soulignera l'excellente interprétation de l'omniprésente Jessica Chastain, s'essayant elle aussi au cinéma de genre, ici excellente en tante de fortune dépassée par les évènements.
Notons également la présence de Nikolaj Coster-Waldau, échappé de Game of Thrones, au rôle plus discret mais très convaincant. De plus, la mise en scène de Muschietti, fluide et élégante (on avait pu le constater sur le premier court) apporte une dimension professionnelle au long-métrage et, même s'il tombe parfois dans l'esbroufe numérique, garde suffisamment les pieds sur terre pour nous proposer des plans plus terrifiants que guignolesques. Le scénario étaie désormais le secret de "Maman" et nous entraîne dans une mésaventure fantastique finalement réussie bien que peu originale en soi.
Car le principal défaut de Mama est de surfer sur cette vague de films fantomatiques nouvelle génération, lorgnant autant du côté d'Insidious que du Dernier Exorcisme avec un secret enfoui, la présence d'enfants en danger (bien que ce thème soit cher à Del Toro) et la figure démoniaque atteinte du Syndrome de Marfan. Aussi ne sera-t-on qu'à moitié surpris par les éternels jump scares et autres claquements de portes classiques, bien qu'ils soient ici agréablement bien foutus.
Dommage en revanche pour le final un brin grandiloquent où la créature numérique vient légèrement gâcher une atmosphère alors essentiellement basée sur la peur de l'inconnu et le mystère. Ainsi, en conservant les effets de frayeur du court original et en rajoutant une intrigue solide, Andrés Muschietti réussit à passer avec une certaine efficacité le cap de l'adaptation sur grand écran à travers un premier long-métrage contenant certes quelques défauts mais qui reste dans l'ensemble très efficace.