Donner un avis sur Mama, c'est se pencher sur un film qui se signale autant par ses défauts que par ses qualités. A tel point que parfois, le négatif semble faire naître des atouts qui permettent, au final, de garder un bon souvenir de l'oeuvre.
Sa durée exagérée d'une heure quarante permet de mettre l'accent sur les relations qui éclosent puis s'épanouissent lentement entre certains personnages. Ses défauts d'écriture évidents qui ont pour conséquence de sacrifier certains rôles, comme celui de la belle soeur ou encore celui de Nikolaj Coster-Waldau, qui joue à la Belle au Bois Dormant pendant la moitié du scénario, permettent néanmoins de tourner la caméra vers Jessica Chastain, qui apprend peu à peu à devenir une véritable mère. Entre hésitation, questionnement sur sa place, rapprochement et instinct de protection.
Mama, c'est aussi une certaine maîtrise de son monstre pendant les deux tiers du film, qui apparaît de manière parcimonieuse, de loin, ou dans un coin de l'écran d'abord. Jamais en totalité. Ce qui donne une certaine tension. Mais la fin du film s'hystérise et laisse place à un véritable Mama Show où elle est de tous les plans (voire très gros plans), super énervée et aveugle dans sa violence, jusqu'à tuer des personnages dans le seul but de s'en débarrasser car Andres Muschietti, visiblement, ne sait pas quoi en faire. Comme s'il s'agissait d'autant de greffes qui ne prendraient jamais vraiment.
Cette dernière ligne droite tue un peu une partie du mystère qui entoure le monstre jusqu'ici assez bien caractérisé, entre jalousie et amour exclusif. D'autant que les effets spéciaux utilisés pour lui donner vie sont parfois approximatifs et pas super beaux. Dommage que cet à peu près étouffe parfois son impact et son design, assez réussi.
Mais Mama aboutit sur un dernier quart d'heure qui s'inscrit entre poésie et mélancolie. Entre tristesse et libération. Cette fin scotche le spectateur en ce qu'on ne l'attend pas et qu'elle va jusqu'au bout de son idée sans faiblir, ce qui est rare de nos jours et dans le genre. Et quand le générique final débute, l'émotion prend le dessus. Car Mama, parfois bancal, offre aussi quelques superbes idées de mise en scène, un monstre classique mais efficace même s'il n'est pas toujours bien illustré, ainsi qu'un rôle féminin qui suscite l'empathie tout en étant bien écrit.
Mama est une terre de contrastes. Mais c'est un film dont on se souvient, malgré ses imperfections. Parce que ses émotions sont vraies et touchantes, comme des coeurs qui battent à l'unisson, celui de son personnage féminin autant que celui de son fantôme.
Behind_the_Mask, qui n'aime pas les papillons de nuit.