Sorti fin 1990, Maman j'ai raté l'avion (Home alone en version originale) a connu un succès mondial retentissant et a depuis atteint la postérité. Considéré aujourd'hui comme un film culte de Noël, il est depuis plus de 30 ans diffusé à chaque fin d'année.
Né de l'inspiration de John Hughes durant le tournage de L'Oncle Buck 1 an plus tôt, dans lequel évoluait déjà Macaulay Culkin, le scénario initial est écrit en seulement 9 jours. La réalisation du long-métrage est confiée à Chris Columbus, scénariste de Gremlins et des Goonies et futur réalisateur d'œuvres à succès, telles que Madame Doubtfire ou les deux premiers volets d'Harry Potter. Fixé à 10 millions de dollars par la Warner, le budget du film est augmenté à 18 millions par la Fox après l'abandon du projet par la Warner.
Le tournage se déroule à Winnetka, dans la banlieue nord de Chicago, pour ses scènes en extérieur. Pour l'anecdote, la maison utilisée a cette année été vendue pour la modique somme de 5,25 millions de dollars ! Toutefois trop exiguë pour accueillir l'ensemble des équipes en son sein, la maison ne fut pas utilisée pour ses scènes intérieures, lesquelles furent tournées dans un gymnase à proximité aménagé pour l'occasion.
L'intrigue raconte l'histoire de Kévin McCallister, jeune garçon de 8 ans oublié par mégarde par sa famille, partie en France pour les Fêtes de fin d'année. D'abord heureux de se sentir enfin libre, l'enfant va ressentir au fil des jours le manque des siens et faire preuve d'une véritable introspection. Dans le même temps, il devra défendre sa maison face à un duo de cambrioleurs qui sévit dans le quartier.
Âgé de 5 ans au moment de sa sortie, j'ai découvert Maman j'ai raté l'avion plutôt vers mes 9-10 ans, où je l'ai dévoré à de multiples reprises. M'appelant aussi Kévin et doté d'un caractère pas toujours simple dans mes jeunes années, je me suis à l'époque beaucoup identifié au Kévin du film. Les années ont passé, me faisant presque oublier cette oeuvre, persuadé qu'elle n'appartenait qu'à mon enfance.
C'est en 2013 que j'ai décidé de revoir Maman j'ai raté l'avion, pour m'en faire un avis d'adulte. A ma grande surprise, j'ai retrouvé le temps du visionnage mon regard d'enfant, plein d'étoiles et d'émerveillement, comme si la magie de l'œuvre ne m'avait jamais quitté. L'ayant encore revu il y a peu, je ne m'en lasse pas, pris encore une fois par la nostalgie et l'émotion.
Quelle analyse en faire aujourd'hui, avec de nombreuses années de recul ?
- Maman j'ai raté l'avion est avant tout un film qui parvient à capter l'esprit de Noël, comme peu y sont parvenus. Neige, illuminations, décorations, Père Noël, musiques, chants, famille... tout respire Noël.
Élément emblématique du long-métrage, la bande-originale de John Williams est juste somptueuse, nous plongeant dans son univers aliant la douceur, la magie, l'angoisse et l'action. Bien qu'elle ne soit pas l'une de ses plus connues, cette OST est pour moi l'une de ses meilleures compositions, tellement elle habite le film, en devenant un personnage à part entière.
Et en complément du chef-d'œuvre musical de Maître J.W, nous avons droit à quelques chansons bien placées, symboliques de Noël. La plus marquante étant bien évidemment " Rocking around the Christmas Tree " de Brenda Lee, dans une mise en scène géniale où Kevin donne vie à sa maison en faisant bouger de nombreux mannequins.
- Home alone est également un film à la fois rythmé et drôle, où l'on ne s'ennuie pas une seconde. Sans temps morts, le long-métrage enchaîne les péripéties, combinant l'action à l'humour.
On a par exemple droit à l'excellent Angels with Fifty Souls, film fictif en noir et blanc avec sa fameuse réplique " Tu vas avoir droit à 10 petites secondes, pour dégager ton gros cul dégueulasse ! Hors de chez moi ou jte plombe les boyaux avec du calibre 12 ! " dans une mise en scène hilarante.
Mais s'il y a bien une séquence qui est restée dans les mémoires, c'est bien celle où Kevin piège sa maison avant d'y accueillir les Casseurs flotteurs. Dans un humour très slapstick, on assiste avec plaisir aux misères de ces derniers, toujours prêts à se relever pour en prendre davantage.
- Maman j'ai raté l'avion nous marque aussi par ses personnages bien écrits.
Présenté comme le cliché de l'enfant roi par diverses critiques négatives, Kevin se révèle à l'inverse sujet à la remise en question et au final plus altruiste et courageux qu'il n'y paraît.
Véritable duo de bras cassés, Harry et Marvin nous éclatent par leur interprétation de cambrioleurs déterminés mais clairement pas futés. Un côté ridicule volontaire qui permet au film de rester dans un esprit léger, sans que cela ne devienne trop effrayant.
La famille McCallister, pourtant sujet de tension pour notre jeune héros, va progressivement se montrer plus touchante et soucieuse qu'on peut l'imaginer au départ. On arrive même à s'amuser des vacheries de Buzz ou des maladresses de L'oncle Franck ( " si ça peut vous consoler, moi j'ai oublié mes lunettes ").
Et il y a enfin le voisin Marley, vieil homme sombre sujet aux théories les plus sordides, auquel Kevin finira par se lier une fois la glace rompue. Sans oublier l'artiste de polka Gus Polinsky, soutien inattendu de Kate McCallister.
Ces personnages me touchent encore aujourd'hui, mis en valeur par des acteurs de qualité. Hommage aux disparus : John Candy (en 1994), Robert Blossom (en 2011) et John Heard (en 2017).
- Home alone est enfin un film plein d'émotion qui parvient à nous toucher au plus profond de nous par sa dynamique familiale et l'importance qu'elle revêt. Un constat perceptible dans certains dialogues, questionnements, manques exprimés et bien sûr la joie des retrouvailles.
- Œuvre emblématique et intemporelle, Maman j'ai raté me touche encore autant aujourd'hui, malgré le poids des années, et que je ne me lasserai probablement jamais de revoir.