Mambar Pierrette n'est pas stricto sensu un documentaire mais bien une fiction, inspirée par le quotidien de la cousine de la réalisatrice camerounaise, laquelle joue son propre rôle avec une vitalité admirable. C'est que la vie de cette couturière de Douala, mère de 3 enfants et abandonnée par son mari, n'est pas des plus faciles, ayant subi une agression puis une inondation qui, cependant, ne sauraient l'abattre. Un portrait de femme qui lutte avec ses armes et ne s'en laisse pas compter, dans un environnement d'ailleurs principalement féminin, les hommes se faisant plutôt remarquer par leur absence ou leur lâcheté. Tout cela sonne très vrai, dans une ville en déshérence. Le propos est humble, avec une mise en scène très sobre qui illustre, sans pompe mais sans misérabilisme non plus, un sujet simple d'accès mais riche d'un sous-texte qui englobe aussi bien l'héritage colonial que la transmission difficile entre les générations, la dernière en date s'efforçant de s'affranchir des contraintes liées au patriarcat et à la corruption endémique. A sa manière, Mambar Pierrette est une héroïne, une autoentrepreneuse avec la tête sur les épaules et une volonté de ne pas se laisser aller à la désolation, devant les aléas de l'existence. La bonne nouvelle est que le film n'assène pas un discours mais fait passer ses modestes messages avec fluidité et intelligence.