Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Le film est beau, souvent admirablement mis en scène (ces blancs brûlés, comme si les personnages eux-mêmes étaient surexposés - à la misère et l'adversité) mais ploie sous un déterminisme parfois digne d'un Ken Loach. Très (trop) vite on comprend qu'ils sont condamnés. Procédé bien usé : unique moment de complicité mère/fils (le film leur donne le droit de rire, de danser un tango dans leur appart), bim retour du destin (le maquereau sonne à la porte avec son thème musical Destin quand tu nous tiens). Difficile de s'attacher aux rêves de la Mamma, aussi, tant Magnani en fait des caisses en reprenant la partition de BELLISSIMA (une pauvre femme du peuple ne vit qu'à travers son enfant). Rêves de sécurité et de normativité qui pourraient être touchants mais le côté théâtral Drama-Queen de l'actrice se marie mal avec le psychodrame social. Sauf quand PPP a recourt à une mise en scène vraiment théâtrale, justement : lors de deux superbes travelling arrière, sur un parking de nuit, la dame s'en donne à coeur joie dans des plans "performance" qui lui laissent la possibilité d'exister au présent, et non cadenassée dans un déterminisme. Le personnage du fils s'en sort mieux, PPP observe son acteur évoluer dans le pur plaisir du plan, rouler des mécaniques comme un enfant (quand il "joue" au serveur), scrutant son visage renfrogné, sa petite bouche, son nez épaté, son corps de crevette élongée. Les plus belles scènes l'observent évoluer dans les terrains vagues (sans doute ce qui est aujourd'hui le Parc des Aqueducs), en plans larges, dans la splendeur des après-midi ensoleillées où le monde se découvre (la sexualité, le groupe, la cruauté). C'est d'autant plus rageant de voir ce personnage finir lui aussi aplati sous un discours, en martyr christique de la cause prolétarienne - la camisole de force en guise de croix. Le finale sombre dans le ridicule tant en terme de forme (montage parallèle insistant entre la mère courage et le fils mourant) que de contenu (personnages renvoyés à leur point de départ, tout ça pour ça, il ne s'est rien passé).

LunaParke
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films italiens

Créée

le 14 janv. 2025

Critique lue 2 fois

LunaParke

Écrit par

Critique lue 2 fois

D'autres avis sur Mamma Roma

Mamma Roma
r0berto
10

Faubourg nocturne

On a déjà beaucoup écrit sur Pasolini et notamment sur ce film, "Mamma Roma", seulement second film du grand réalisateur italien, et pourtant déjà un chef d'oeuvre. Même si les analyses et avis ne...

le 23 juil. 2016

22 j'aime

Mamma Roma
Moizi
7

Critique de Mamma Roma par Moizi

Si cela fait quelques années que je n'ai pas vu de Pasolini, sans doute par peur d'être déçu des quelques uns qui me restent à voir, j'ai apprécié ce Mamma Roma. Pas autant que l'Evangile, Théorème...

le 30 juil. 2016

12 j'aime

1

Mamma Roma
zardoz6704
8

Mère et fils

Une scène de mariage dans une grange. Mamma Roma assiste au mariage de son ancien mac', qui la libère. Elle fait encore quelques passes, puis plaque tout pour aller s'installer à Rome avec son fils...

le 16 févr. 2015

12 j'aime

Du même critique

Les Reines du drame
LunaParke
9

L'époque, enfin

Alexis Langlois avait réalisé des courts plus ou moins réussis, avec un sens de l'auto-dérision, de la référence sexy et de l'ironie complice qui cadrait bien avec l'air du temps. Changement ici : on...

le 27 nov. 2024

2 j'aime

La Farce tragique
LunaParke
6

Sadomaso à Cinecitta

À première vue le film est moins délirant que "La Couronne de fer", précédente réalisation de Blasetti : réutilisation de ses décors & costumes, décors exclusivement studio (pas l'once d'une...

le 26 déc. 2023

1 j'aime