C'est vrai qu'il est bien appréciable ce petit vent frais qui souffle sur ce « Mammuth » tant il nous apparaît bien loin de l'académisme propret que l'on a si souvent l'occasion de voir au cinéma ces dernières années. Bourru, pas vraiment classe, gros, Mammuth n'en demeure pas moins un personnage sympathique et qui assez miraculeusement échappe joliment à la caricature. Au-delà de tous ces muscles, de toutes ces boursouflures, de cette limite assez évidente dans son vocabulaire se trouve quelque chose de profondément humain, de généreux. En témoigne toutes ces « scénettes » forcément inégales mais parfois vraiment très drôles, ou un personnage joué de manière réjouissante par Siné va jusqu'à lui dire qu'il est con sans que l'on puisse vraiment le contredire, ou plus graves lorsque la toujours excellente et très belle Anna Mouglalis abuse lâchement de lui... C'est peut-être aussi pour cela qu'il est attachant ce « Mammuth », à travers toutes ces failles, ces limites, il n'en garde pas moins un optimisme émouvant, un peu naïf sans aucun doute mais toutefois développé de manière suffisamment sobre pour que l'on se laisse porter du début à la fin... Dommage néanmoins que malgré cet aspect assez plaisant de l'ensemble, le film finisse à la longue par tourner un peu en rond, comme si les deux trublions du Groland Delépine-Kervern avaient déjà fait le tour de la question bien avant le générique. Reste que l’œuvre demeure atypique et attachante, porté par un Gérard Depardieu en grande forme : l'une des jolies surprises de l'année.