Milos Forman semble se faire une spécialité des américains scandaleux, tout au moins anticonformistes. Après Larry Flynt, le sulfureux fondateur du magazine Hustler, Le réalisateur s'attache à nous faire découvrir le comique éphémère et pour le moins singulier Andy Kaufman, célèbre, parait-il, aux Etats-Unis dans les années 75-80.
Comique génial (ce dont on n'est pas convaincu au terme du film) pour les uns, provocateur grossier pour les autres, Kaufman donne dans l'humour et le canular de mauvais goût, parfois macabre. Avide de gloire, il met pourtant un point d'honneur à aller contre le goût du public, à ne pas lui donner ce qu'il attend. Ses frasques publiques ou ses sketches aboutissent invariablement à des dérives dont on ne sait jamais -Forman cultivant lui-même cette ambiguïté- si elles sont calculées ou si elles échappent à l'humoriste (comme quand Kaufman se revendique le champion du monde de catch... mixte).
Le personnage, c'est sûr, ne laisse pas indifférent et concentre sur lui, au rythme de ses provocations, autant d'admiration que d'aversion. Avant son déclin, trop peu consensuel pour durer, Forman le décrit à travers ses shows télévisés conflictuels, ses bras de fer avec des producteurs incrédules ou timorés.
En revanche, on ne perce pas la personnalité profonde de ce Jekyll et Hyde du spectacle, de ce type tour à tour candide et calculateur. Et c'est bien embêtant car de ce pitre souvent détestable, toujours en représentation, on aurait aimé connaitre la vérité intime, les dispositions psychologiques. Par ignorance de cette vérité, ou bien volontairement, Milos Forman ne lève pas le mystère Andy Kaufman.