J'aime à penser que je ne mérite pas le bonheur bourgeois qui est le mien. Que je n'ai rien fait pour.
Et pendant ce temps-là, d'autres souffrent.
Que puis-je faire face à cela ?
Me punir et plonger dans ce malheur qui me séduit.
Rester digne et faire en sorte de mériter ce sort.
A moins qu'il ne faille précipiter l'horreur pour en limiter l'effet.
Les films tristes me rendent heureux.
Surtout quand ils sont pudiques.
C'est comme cela. Et il me faudra continuer à vivre avec.
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Des scientifiques de l'Université d'Oxford au Royaume-Uni pensent avoir compris pourquoi. Selon leur récente étude parue dans la revue de la Royal Society, Open Science, regarder un film dramatique ne serait pas sans effet sur notre organisme.
Selon le professeur Robin Dunbar qui a dirigé la recherche, profiter d'une fiction est une sorte de marque de fabrique de l'espèce humaine. Ce comportement se retrouverait ainsi dans toutes les cultures et depuis longtemps. "La fascination humaine pour les histoires s'est établie dans les temps anciens quand nous avons commencé à vivre dans des communautés de chasseurs-cueilleurs", souligné Robin Dunbar repris par la BBC.
Pourtant, les raisons expliquant pourquoi la fiction fascine tant l'espèce humaine et les fonctions qu'elle peut avoir n'ont été que peu étudiées jusqu'ici. "Il y a des raisons sociales : le folklore nous permet de transmettre la sagesse ou d'ancrer les valeurs de la communauté, nous permettant de nous réunir. Bien que cela soit important, ça n'explique pas complètement pourquoi nous sommes prêts à revenir encore et encore à ce divertissement", a relevé Dunbar.
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Plus précisément, les chercheurs ont observé une augmentation de 13,1% de la tolérance à la douleur pour le groupe de film dramatique, alors que le groupe contrôle montrait une baisse du seuil de tolérance de 4,6%. Soit une différence totale de 18% entre les deux groupes. Mieux encore, l'équipe a observé un plus fort sentiment de cohésion de groupe, malgré l'humeur moins positive des participants.
"Ceux qui ont eu la plus grande réaction émotionnelle ont également eu la plus forte augmentation du seuil de la douleur et un plus grand sentiment d'être lié à leur groupe", à résumé le professeur Dunbar. Mais tout le monde n'a pas montré une réponse émotionnelle au film dramatique. Certains ont juste connu une diminution du seuil de la douleur sans aucun changement au niveau du lien social.
"Cela est probablement vrai dans la vie quotidienne - certaines personnes réagissent émotionnellement à un événement qui se produit alors que d'autres personnes se disent "Quel est le problème ?"", a commenté Dunbar repris par le Guardian.
Source : Maxiscience