Changement de registre pour Quentin Dupieux

L'accueil pour Mandibules, le dernier long-métrage de Maitre Oizo qu'on ne présente plus depuis Réalité, semble avoir été très froid.


Pourtant, Mandibules, c'est 1h17 de plaisir mais pas le même que devant Réalité, Rubber ou Wrong et Wrong Cop. Petit à petit, le réalisateur change de registre et les éléments absurdes se font de plus en plus rares dans ses œuvres pour se focaliser sur la loufoquerie s’apparentant plus à de la comédie pure et dure. On peut mesurer graduellement la suppression de ce qui faisait le cinéma de Quentin Dupieux avec Au poste, puis le daim et enfin Mandibules. Alors oui, le pitch se focalise autour d'une mouche géante, mais celle-ci aurait tout aussi bien pu être n'importe quel animal à la place.


Le binôme issu du Palmashow fait mouche dans ce film court ou long sketch selon le point de vue et ce n'est pas un fan qui s'exprime. Le sourire et le feel-good à suivre les péripéties des 2 simplets pourrait presque être honteux si on oubliait à quel point les comédies françaises drôles sont rares.
Sur le fond, beaucoup critique, peut-être à juste titre, sa pauvreté et même d'avoir céder à la facilité.


Il est vrai que bon nombre d'éléments peuvent justifier ces dires.
On nous ressert le "Shivers" de Steak version "Taureau". Les 2 protagonistes ressemblent comme 2 gouttes d'eau à Sparadrap, le héros stupide de la série Noob avec un humour bien particulier auquel il faut adhérer. Pour rappel, Mr Oizo a beaucoup fait tourner Eric Judor, mais aussi Ramzy ou encore Monsieur Fraize.
On fait graviter quelques éléments autour de ce duo dont Adèle Exarchopoulos dans un rôle que je juge fort discutable en post Trauma Crânien "meumeuh" mais dont a priori pour une fois la plèbe aura épargné la polémique publique.


De mon point de vue, nous ne sommes pas face à une paresse d'écriture mais à la volonté d'une simplicité et d'une légèreté du plaisir pour le plaisir, de l'évasion drôlatique.
Le rythme est entrainant, les sourires et les rires sont conviés au RDV, l'histoire aussi simpliste soit-elle est prenante, la curiosité et l'entrain de connaitre la conclusion ne prennent pas le pas sur la délectation de chaque scène qui apporte son lot d'amusement.


Le final sera par contre très convenu et presque décevant Une fin ouverte aurait mieux sied à l'exercice.


En conclusion, de la même manière que je n'adhère pas, pour une raison qui m'échappe encore à l'heure actuelle, à l'humour des frères Coen, certains n'en auront clairement pas pour leur temps passé devant l'écran (voire leur argent).


A la limite, je pense qu'il est judicieux de débuter le film pour voir de quoi il s'agit et de le couper au bout de 10 à 15 minutes si jamais l'humour ne prend pas ou de poursuivre si on y trouve son compte.

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le 5 sept. 2021

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Alienure

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