Il est curieux de voir comment le cinéma de Quentin Dupieux a évolué vers une direction nettement de moins en moins radicale, pour aller vers un côté plus grand public. Avant, c'était de l'absurde noyé dans l'absurde. Depuis Le Daim, son précédent film, c'est un élément absurde qui se trouve confronté à un monde complètement réaliste.
Dans Mandibules, l'absurdité réside quasi-entièrement dans la mouche géante que deux crétins trouvent par le plus grand des hasards et qui décident de la dresser.
Et le pire, c'est qu'ils y parviennent, ces cons.
C'est leur imbécillité qui va faire qu'ils vont accepter cette situation totalement improbable, la considérer comme normale. C'est la réaction d'Adèle Exarchopoulos (en très grande forme dans le rôle d'une handicapée qui ne peut pas s'empêcher de parler en hurlant suite à un accident de ski et en pétant les tympans de son entourage par la même occasion !), à la vision de cette créature peu commune, qui va avoir le point de vue du spectateur si celui-ci avait eu la possibilité d'être confronté à l'insecte dans la vraie vie. Pas de bol, tout le monde la prend pour une folle alors qu'ironiquement, c'est peut-être le personnage le plus sensé du lot.
Si le réalisateur ne se montre pas aussi ambitieux qu'auparavant en signant son film le plus conventionnel, si par la courte durée du tout, tous les personnages ne sont pas tous exploités autant qu'ils l'auraient pu l'être (mention spéciale à celui joué par Roméo Elvis !), c'est tout de même un divertissement qui n'est pas déplaisant à regarder, accompagné d'une petite musique agréable (et qui reste sacrément dans le crâne !) du groupe Metronomy, n'étant pas sans rappeler le grand et trop tôt disparu François de Roubaix.
Et Dupieux renouvelle l'exploit de donner une véritable personnalité à une chose qui a priori n'avait rien pour en avoir une. On s'y attache à cette fichue mouche. Mais, bon, je ne devrais pas m'en étonner. Après tout, c'est d'un monsieur qui a réussi à me faire croire qu'un pneu pouvait être un tueur en série psychopathe en puissance.