Le non-sens est, et je l'espère restera, un moteur et une source inépuisable à la mise en place de son talent. Un talent et une intention claire sur notre société qui émane de tous ces films.
Certains verront dans ce film, un effort continu de comédie burlesque, une tentative réussi de faire passer un bon moment à tous ces friands de surprises en tout genre.
D'autres regretteront le manque de non-sens comparés à ces précédents films mais cela reste pour moi un vecteur et non une fin en soi.
Ce qui m'a davantage touché, c'est la portée sociale de cette histoire et de ces personnages. N'étant pas un grand fan de l'humour des deux compères, ma joie d'y voir renaitre l'énergie que partageait le duo des valseuses, m'a marqué ! Leurs styles, leurs jeux d'acteurs et le message du film n'en sont pas moins uniques et actuels.
C'est bien une critique de classe qui est faite tout le long du film. plus subtile que simplement montrer du doigt la richesse, il prend à revers (ou plutôt à coup de tête) les propriétaires, et tout ceux participant à cette bourgeoisie du capitalisme.
les deux marginaux sont les seuls à vraiment vivre, s'amuser comme deux gamins dans la piscine, nuisant à la tranquillité pesante de leurs hôtes et leurs bien-être aussi artificiel qu'une paire de dents ornée de diamant.
Pas mal de thématiques font écho à son premier long métrage, le même style ou burlesque et drame se superposent.
La performance d'Adèle Exarchopoulos est d'ailleurs stupéfiante ! Surtout pour un exercice de style aussi complexe, elle a réussi à coller parfaitement au style de Dupieux, vacillant entre gène, rire et émotions.
J'ai rarement vu une performance aussi précise et touchante au cinéma.
La fameuse scène ou elle va se faire interner, essayant de convaincre sa gentille sœur de son innocence, reste le plus bel exemple de cette superposition. J'en ai entendu rire de son sort dramatique, pendant que l'ironie de la situation pouvait tout autant rappeler les horreurs et les injustices faites à beaucoup de "malades" d'aujourd'hui et de bien avant "vol au dessus d'un nid de coucou".
Je ne peux m'empêcher de digresser mais ce thème restera d'actualité tant que notre société malade par bien des points continuera de créer tous ces troubles, compréhensible avec un peu de recul et d'empathie. On ne va pas changer tout un système pour quelques ratés... droguons les en attendant qu'il s'effondre sur lui-même !
Le non-sens est plus qu'un simple vecteur, il est la parfaite mise en relief d'une intention limpide. Et ces films portent tellement de propos et de richesse, j'en ai toujours cette impression étrange de voir un film de 2h30 qui passe trop vite.