Mandingo
7.8
Mandingo

Film de Richard Fleischer (1975)

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Il y a une sorte de mystère de ce film ; pourquoi n'est-il pas encore disponible en dvd ou blu-ray en France ? Il aurait très bien surfer sur la vague de 12 years a slave ou de Django Unchained, qui ont tous les trois comme thème commun l'esclavage. Mais durant les années 1970, plusieurs films et téléfilms sont revenus sur cette horrible pratique, dont le plus connu est sans nul doute Racines.


En 1975, Richard Fleischer s'est attaqué lui aussi au sujet, mais à travers le point de vue des Nègres, tels qu'ils sont nommés. Dans une exploitation de la Nouvelle-Orléans, un vieil homme, joué par James Mason, commande ses Noirs d'une main de fer, ne leur donnant même pas une apparence humaine en les nommant, mais en hurlant sans arrêt Nigger, comme si leur identité n'était plus là, qu'ils étaient justes bons à servir leur maitre. Il y a une scène incroyable où il se sert carrément d'un petit garçon, qui s'allonge sur le dos, pour appuyer ses pieds tel une chaise longue !


Voyant le temps passer, il demande à son fils, joué par Perry King, d'assurer la descendance en se mariant à sa cousine, et en lui donnant un petit-fils. Mais cet homme, boiteux, n'aime que les esclaves Noires, ce qui va compliquer la chose...
L'affiche promet un mélodrame à la Autant en emporte le vente, avec ses couleurs chaudes, mais il n'en est rien ; le film a quelque chose de naturel, de pourri dans le sens où l'exploitation n'est pas entretenue et où tout le monde parait sale, et qui propose une vision d'une grande justesse sur ce que fut l'esclavage. Rien que la scène d'intro où James Mason vend des Noirs à un autre marchand est terrible ; ce dernier demande à les désaper et, pour voir s'ils ne sont pas malades, leur palpe les testicules ! La nudité, frontale, est parfois présente, avec ces pauvres gens dépossédés de tout, et dont les jeunes femmes ne sont rien que des objets pour ce fils, que joue très bien Perry King.


L'arrivée de Susan George et du boxeur Ken Norton va faire basculer l'histoire dans le drame, mais j'ai trouvé là quelque chose de courageux dans cette manière presque crue de filmer ce qu'était un Noir en tant qu'esclave. Il peut se faire frapper les fesses au sang, il ne réagira pas. Il peut servir de combattant pour le plaisir comme un combat de coqs, pour le plaisir de son maitre.
L'abolition de l'esclavage est encore très loin (une vingtaine d'années avant), mais c'est traité dans ce beau film, où, encore une fois, je m'explique pas son absence non seulement en vidéo mais aussi dans l'évocation de la filmographie de Richard Fleischer, remarquable touche-à-tout.

Créée

le 10 juil. 2017

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8 j'aime

Boubakar

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