La critique complète du film : http://cinecinephile.com/manifesto-realise-par-julian-rosefeldt-sortie-de-seance-cinema/
[...] Manifesto assemble dans un long-métrage d’environ 1h40 tout un panthéon de pensées intellectuelles qui invitent le spectateur à repenser l’Art dans son concept. Outre la performance démente de son actrice et la dimension à la fois poétique et politique derrière cette « Œuvre d’art », que vaut Manifesto sous sa forme cinématographique ? Car il n’est pas inutile de rappeler que l’œuvre de Julian Rosefeldt est avant tout une installation vidéo, un concept « d’art vidéo » destiné à l’espace du musée où le spectateur vient à l’œuvre et interagit avec, notamment en se déplaçant dans un espace au milieu de 13 écrans sur lesquels sont projetés les performances de l’actrice. Manifesto et ses monologues prennent véritablement sens en tant qu’œuvre d’art complète lorsque les 13 visages de Cate Blanchett sont réunis dans un seul et même espace où se forme une véritable cohérence dans le propos de l’artiste qui cherche à définir et proclamer une nouvelle conception radicale de l’Art à travers plusieurs identités auxquelles l’actrice prête ses traits.
Manifesto pâtit avant tout de son changement de format, l’œuvre étant tout simplement incompatible avec le format de la salle de cinéma. Le montage linéaire propre au langage cinématographique métamorphose l’installation vidéo en une succession de monologues dont les connexions ne se font dans le dernier plan du film. Un split-screen où les 13 visages de l’actrice cohabitent dans un même espace, proclamant la même phrase de conclusion à ce pamphlet général, mais sous différentes variations. Un dernier plan où toute la dimension politique du manifeste de Julian Rosefeldt prend vie, laissant derrière lui un arrière-goût amer, propre au propos radical et terrifiant de l’œuvre sur le regard porté à la société contemporaine. [...]