Marcher sur l'eau est un documentaire rare, en ce qu'il ne donne pas de l'Afrique (ici le Niger) une image misérabiliste. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard que la chanson du générique soit Sowa de Fatoumata Diawara, elle qui justement veut changer cette image, inventée par les pays riches. Les pays riches, ceux qui polluent et provoquent le changement climatique dans les pays pauvres, comme l'explique le professeur de l'école du village de Tatsite. Mais il n'y a pas non plus de plus condamnation. C'est un film qui n'accuse personne, qui relève d'un incroyable optimisme, à tel point qu'on se demande comment il a été fait. La musique, les techniques de filmage (de nombreux plans de haut, filmés en drone sans doute, et des images esthétiquement agréables, trop belles pour être tout à fait honnêtes diraient les mauvaises langues) ancrent ce film dans le genre en vogue d'un documentaire moderne, dramatisé, proche des films de fiction. En effet, il est écrit. C'est à la fois sa force et sa faiblesse, puisque parfois on le ressent, notamment au début. Mais il naît souvent de cette écriture (des dialogues ou des images) une naïveté et une nature qui donne le sourire. Le maître de l'école est quasiment la voix off des documentaires plus classiques, qui explique la situation, mais de façon plus vivante et plus essentialiste, accessible aux enfants. Au début, les spectateur.rices sont considéré.es comme des enfants (en partie à cause de l'écriture, sans doute), puis les explications sont de moins en moins explicites : après avoir appris le mot changement climatique en français, ils apprennent le dinosaure, comme une sorte de cause à effet discret et ironique. L'accès à l'éducation et l'accès à l'eau deviennent des problèmes parallèles qui trouvent finalement des solutions convergentes.
Les parents, qui partent en exode chercher des solutions ailleurs, laissent les enfants seuls, notamment Houlaye, la protagoniste de 14 ans qui se retrouve à gérer plus ou moins les autres toute seule, et qui est par là très touchante. Mais on sent une fois de plus l'effet du tournage qui a dû faciliter cette situation.