Bienvenue à Wall Street ! Dans les entrailles d’une tour occupée par une réputée banque d’investissement, un curieux ballet à lieu au milieu de l’Open Space. Alors qu’il travaille sur un dossier sérieux, Eric Dale, responsable des risques, est convoqué dans les bureaux des ressources humaines. Rapidement, on lui fait comprendre que ses compétences ne sont plus requises au sein de la société. Raccompagné illico vers la sortie par un vigile, il a tout juste le temps de remettre une clé USB à un jeune collègue en lui précisant de “rester prudent”.
Dans cette histoire supposément vraie, un groupe de traders va se réunir précipitamment au milieu de la nuit suite à la découverte d’un nombre d’actifs historiquement toxique et qui pourrait même mettre la solvabilité de la banque en question. C’est au milieu de la nuit, après de nombreux débats et jeux de pouvoir que la décision est prise de tout revendre pour le lendemain avant midi. Mais cette décision va entraîner une réaction en chaîne aux conséquences dévastatrices.
Film réalisé par J. C. Chandor en 2011, Margin Call raconte l’histoire presque vraie de la crise des subprimes. Le 14 Septembre 2008 plusieurs établissements financiers américains vont entrer en cessation de paiement. Anticipant le crack boursier à venir, certaines banques vont essayer de revendre à tout prix leur actifs nocifs qui risque de les mettre en banqueroute. Quelques années plus tard, le monde entier sera plongé dans une crise économique et sociale sans précédent.
Margin Call, ne mentionne jamais ni la date ni le lieu de son action. Le nom de la firme n’est jamais évoqué mais en recoupant quelques informations on peut spéculer sur le fait qu’il s’agisse d’un mélange entre les banques Goldman Sachs et Lehman Brothers. En effet Goldman Sachs a une culture d’entreprise bien spécifique faite de rigueur et d'austérité. Un goût de l’effort et une loyauté absolue envers l’institution. Cette même loyauté qui est parfaitement incarné par Kevin Spacey dans son personnage de chef de plateau qui au moment de prendre sa décision annonce à son directeur : “je resterai fidèle à la compagnie”.
Le parti pris de Chandor pour son film diffère des traditionnels biopic, en ce sens qu’il ne se rattache pas à une histoire vécue particulière. Ici ses personnages sont purement fictifs. Le contexte historique n’est pas explicitement affiché pour garder le film intemporel. Son idée est avant tout de montrer l’état d’esprit qui règne au sein des grands groupes de Wall Street. Mais pour son premier film, Chandor s’inspire quand même de nombreux témoignages et notamment de son propre père qui a travaillé 40 ans chez Merrill Lynch.
Avec son premier long métrage, Chandor ne se cache pas de ses diverses influences et comme un énième héritier du cinéma de Stanley Kubrick. Après un premier projet de film abandonné, ce nouveau sujet lui sert à faire le deuil de son rêve hollywoodien. Sa marge de manœuvre, en français, s’inspire notamment de nombreux films de guerre. Des Sentiers de la Gloire pour le rapport à la hiérarchie à Full Metal Jacket pour le côté soldats désincarnés, sauf qu’ici le massacre à lieu à huis clos.
Margin Call n’est pas un film sur la finance, c’est un film d’action en costard. Les cascades sont des chiffres et les méchants des concepts immatériels avec un final digne d’un Battle Royale et un seul mot d’ordre...chacun pour soi !