Adaptation d'un roman de Pierre Mac Orlan, l'histoire est une variation modernisée sur le thème de Faust, d'ailleurs déclinée ici par un de ses lointains descendants. Le docteur Faust rencontre un soir Monsieur Léon (Yves Montand), directeur de cabaret et envoyé du Diable à ses heures. Comme il se doit, tous deux pactisent (la jeunesse contre l'âme) afin que Faust, ému par la détresse sentimentale de la romantique Marguerite, séduise la chanteuse de cabaret.
L'étrangeté du film repose pour beaucoup sur le dépouillement du récit et sur l'esthétisme glacé, irréel, superbe, des décors qui s'inspirent de l'expressionnisme allemand. Le film est très séduisant sur la forme.
En revanche, à peine Faust a-t-il retrouvé ses vingt ans, son histoire d'amour sombre déjà dans un romantisme emphatique très pénible. Le jeune Faust, irascible et brutal, aime mal Marguerite, laquelle saura, elle, se sacrifier pour son amant. Les deux acteurs sont mal assortis et composent médiocrement ce couple d'amants maudits. Ils surjouent et cette énième declinaison d'un amour impossible n'a pas la poésie des films de Carné et Prévert qu'Autant-Lara semble vainement vouloir ressusciter. Jean-François Calvé est carrément insupportable autant parce qu'il est nul que parce qu'il répond à des critères de beauté (cette mèche blanche sur sa mise en plis!) d'une autre époque. Dès lors, cette histoire d'amour- car c'en est une au-delà de son formalisme- agace et n'émeut pas.