Le film a été très durement critiqué à Cannes, et je crois qu'il ne va pas être un gros succès, comme le témoignait la salle vide où je l'ai vu. C'est bien dommage, Marguerite et Julien est un beau film, qui est loin de mériter de si dures critiques. La b.o est envoutante, et j'adore l'univers que Valérie Donzelli met en place: beaucoup parlerons d'anachronismes, mais elle va bien plus loin que ça. En réalité, nous sommes plongé dans une réalité parallèle où le roi de France exercerait toujours, où les hélicoptères côtoient l'éclairage à la bougie... C'est audacieux, mais puisque c'est présenté comme un conte raconté par des petites filles, c'est cohérent. Je trouve qu'il y a une véritable poésie qui émane de cette mise en abyme, on délaisse un peu la raison pour être dans l'univers du merveilleux.
D'un point de vue formel, je trouve qu'il y a une véritable inventivité au niveau du montage, qui est à la fois transparent, et original, créatif. Tout est dans la liaison entre les espaces, les corps... C'est très sensible comme approche, et le montage souligne l'émotion, permet qu'elle se déploie dans son intégralité. Anais Demoustier est incroyable, et si Jeremie Elkaim est plus effacé, je le trouve cependant plutôt convaincant.
Il y a quelques longueurs, mais dans l'ensemble, ce film m'a ému, et je l'ai trouvé bien plus sincère que d'autre films de la compétition.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est plus accepté de parler d'amour comme dans Mon roi en mode "ultra-réaliste, souffrance, divorce et hystérie collective" qu'en romançant les choses. Tout de suite, c'est vu comme quelque chose de niai...