La sélection cannoise de 2024 se révèle progressivement à ses spectateurs. En attendant la sortie en salle de la Palme d'or, Jessica Palud nous présente son nouveau film, un biopic consacré à Maria Schneider, l'actrice principale du "Dernier Tango à Paris".
Je dois dire que la vie de Schneider mérite d'être relatée aussi souvent que possible. Son expérience résonne fortement avec notre époque et la libération de la parole des femmes. Le livre qui a inspiré le film, ainsi que ce long métrage, sont des témoignages posthumes de cette actrice dont la vie a été brisée.
Cependant, je suis sorti assez déçu de cette séance. Ce biopic est assez conventionnel. Il ne réinvente pas le genre et manque d'un réel propos.
Le film narre une histoire, un fait divers désormais bien connu. La scène d'agression sexuelle, perpétrée par Marlon Brando avec la complicité de Bertolucci, est présentée comme une anecdote dans la vie de Schneider, ce qui constitue l'un des principaux points faibles du film.
En effet, cet événement devrait être bien plus central que ce qui est relaté. Il s'agit d'un moment clé dans l'histoire du cinéma, ce basculement où l'on comprend que tout ne peut pas être permis au nom de l'art.
De plus, Schneider a été honteusement désignée comme coupable par les journalistes et le grand public face à l'aura qui entourait le film. Dans ce contexte, il est impensable de simplement reconstituer la scène plan par plan sans en dire davantage, car cela revient à adopter une perspective artistique sur ce qui s'est passé. Ce choix m'a profondément gêné et je le trouve à la limite de l'indécence même si ici, on montre tout et on ne cache rien au spectateur. C'est déjà ça.
Vous ne serez pas non plus satisfait par cette mise en scène terriblement académique. Si vous appréciez le champ-contrechamp, vous serez servi, puis resservi, et encore resservi.
Le tout manque de dramaturgie et ne rend pas bien compte de la violence subie par cette femme, tant sur le tournage que pendant les décennies qui suivirent.
En réalité, il semble que le film manque de budget et cela se ressent : les intérieurs sont minuscules et vous ne verrez pas plus de trois personnages dans la plupart des plans.
Et d'une certaine manière, ce n'est pas plus mal, car le film ne sera pas sauvé par sa distribution. Annamaria Vartolomei est certes solaire et excellente dans son interprétation, mais ses partenaires de jeu sont perpétuellement en décalage (Mon dieu, Yvan Attal).
Alors, que reste-t-il pour apprécier le film ? La bande-son sublime de Benjamin Biolay ? Le souvenir d'une excellente actrice et de sa souffrance ? Peut-être, mais personnellement, cela ne me fera pas changer d'avis sur ce biopic.
Ce n'est pas un bon film et c'est regrettable, Maria Schneider méritait mieux.