Le cinéma de Pablo Larraín, souvent perçu comme audacieux et exigeant, n’est pour moi qu’une répétition pompeuse de formules qui s’autocongratulent. Avec 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑎, le réalisateur revient sur les derniers jours de Maria Callas, icône de l’opéra, et s’enferme une fois de plus dans un style prétentieux et froid. Si le noir et blanc d’Ed Lachman est indéniablement élégant, il ne suffit pas à masquer le vide narratif et émotionnel de ce film où les dialogues manquent de rythme et ne racontent rien. L’ensemble s’étire dans une lenteur qui confond contemplation et inertie, et ce qui aurait pu être une plongée poignante dans l’âme de Callas devient une œuvre qui ennuie profondément.
Angelina Jolie, dans le rôle de la célèbre soprano, livre une performance techniquement irréprochable mais qui, comme le film, reste distante et désincarnée. Elle erre dans un appartement parisien oppressant, croisant des personnages secondaires qui n’apportent qu’un peu de chaleur sporadique sans jamais véritablement enrichir le récit. Les souvenirs en noir et blanc, entre glamour et douleur, sont trop souvent interrompus par des séquences où Larraín se complaît à sursignifier l’introspection et la solitude de Callas, sans offrir de véritable perspective sur sa vie ou son art.
Malgré quelques costumes somptueux et une utilisation généreuse des arias de Callas, 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑎 ne parvient jamais à captiver. En cherchant à tout sacraliser, Larraín finit par rendre l’ensemble pompeux et creux, laissant peu de place à une émotion sincère ou à une réflexion véritable. 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑎 n’est pas une célébration de l’opéra ou de Callas, mais un exercice de style qui, comme les œuvres précédentes de Larraín, laisse le spectateur sur le seuil.