Maria
6.5
Maria

Film de Pablo Larraín (2024)

Les origines grecques de la grande tragédie

Décidément, les biopics musicaux ont le vent en poupe ces derniers temps. Après Robbie Williams (Better Man) et Bob Dylan (Un parfait Inconnu), Maria Callas elle aussi a droit à son biopic musical. Mais là, c'est un biopic musical d'un autre style, puisque le réalisateur chilien Pablo Larraín s'attaque à une grande cantatrice, qui plus est grecque. C'est un réalisateur qui s'est surtout spécialisé dans les biopics, notamment sur Pablo Neruda et Augusto Pinochet. Maria conclue d'ailleurs une trilogie sur les portraits de femmes célèbres du XXème siècles, après Jackie (2016) sur Jackie Kennedy et Spencer (2021) sur Diana Spencer (aka Lady Di). Et pour interpréter cette figure iconique de l'opéra, Pablo Larraín a porté son choix sur nulle autre qu'Angelina Jolie.

Le film se concentre surtout sur la dernière semaine avant la mort de Maria Callas. Et comme toute tragédie grecque qui se respecte, l'œuvre commence par sa mort. C'est donc une véritable tragédie qui se dessine ici, d'autant plus qu'elle vit seule recluse dans son immense appartement, avec pour seuls compagnons ses chiens et ses deux domestiques Ferruccio (Pierfrancesco Favino) et Bruna (Alba Rohrwacher). Le film nous raconte alors la dernière semaine de Maria, entrecoupée de plusieurs flashbacks sur sa vie à différentes époques. On voit notamment sa encontre avec Aristotle Onassis (Haluk Bilginer), mais aussi avec JFK (Caspar Phillipson).

On nous montre une Maria qui continue de vivre dans une gloire passée, alors qu'elle a perdu sa voix et ne peux plus faire de représentations. Pablo Larraín nous montre une Maria dépendante des drogues et victimes d'hallucinations. Elle se bourre de médicaments et ignore les alertes de son médecin (Vincent Macaigne). On la voit même tenter un retour des plus pathétique, lors de répétitions désastreuses. Et puis, il y a ce jeune et beau journaliste nommé Mandrax (Kodi Smit-McPhee), à qui elle accorde généreusement une interview. Mandrax, c'est en réalité ce médicament (un barbiturique) et dont elle dissimule les cachets dans des robes sublimes et qui causera sa mort.

La tragédie commence où le vaisseau se brise, ou plutôt ici, lorsque la cantatrice a perdu sa voix. Quoi de plus tragique qu'une cantatrice qui n'a plus de voix ? Mais toujours est-il qu'elle continue de vivre comme si rien n'avait changé. Elle veut garder le contrôle sur sa vie et semble réécrire son histoire. Quand le film nous plonge dans ses souvenirs, on ne sait jamais si ce sont des souvenirs réels ou fantasmés. Sa première rencontre avec Aristotle Onassis est particulièrement cocasse, tout comme ce rendez-vous à un diner avec JFK qui semble sortir d'un rêve (encore une hallucination ?).

Disons-le tout de suite, Maria est magnifique (le film et Angélina Jolie). La photographie est sublime, tout comme la direction artistique (les costumes et l'immense appartement). Pablo Larraín maitrise clairement son sujet. Et tout aussi sublime est Angelina Jolie, qui fait ici son grand retour sur le devant de la scène. Sur la forme, c'est donc une grande réussite. Sur le fond, Pablo Larraín s'amuse à nous "balader" entre le rêve (ou plutôt le fantasme) et la réalité. Il nous fait douter de ce tout ce qui pourrait être réel, comme lors de ce passage près de la Tour Eiffel où les passants se mettent à chanter comme un chœur d'opéra. En somme, Maria c'est à la fois beau et tragique. (7.5/10)

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