Pour Nastassja...
Pour son premier film d'exilé, Konchalovsky n'a pas tout-à-fait perdu sa "slavité" et transforme une histoire symboliquement américaine (on ne peut pas ne pas penser à "Voyage au bout de l'Enfer", à...
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le 14 janv. 2017
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Après plusieurs années emprisonné dans un camp japonais, un soldat américain retourne dans sa Pennsylvanie natale une fois la guerre terminée, et il n'a de cesse de vouloir épouser Maria, son amour de jeunesse. Seulement, cette dernière est devenue une jeune femme séduisante, et courtisée par bien des hommes.
John Savage est une énigme du cinéma américain ; il a une carrière extrêmement prolifique (huit décennies devant un écran !), mais on ne le retient en fait que pour trois films tournés sur quelques années, et encore dans des seconds rôles. Hair, et bien entendu Voyage au bout de l'enfer dont Maria's lovers en constitue un miroir assez curieux dans le sens où il parle aussi du retour au pays d'un soldat marqué par les horreurs de la guerre. Sauf que Andreï Kontchalovski, pour son premier film américain, en fait une histoire sentimentale assez osée d'ailleurs qui parle en filigrane de l'impuissance sexuelle. Au nom ici d'un amour tant désiré, tellement idéalisé que le stress l'emporte au moment de faire l'amour, et donc l'impossibilité d'avoir un enfant avec la femme qu'on aime. A savoir ici Nastssja Kinski, d'une grande beauté, et qui est vraiment filmée comme une rose poussant dans un tas de fumiers, où tous les hommes la convoitent, y compris par le père de John Savage, joué par Robert Mitchum, ou des rivaux incarnés par Keith Carradine et Vincent Spano. D'ailleurs, le film est coscénarisé par Gérard Brach, complice de Jean-Jacques Annaud, et ça se voit dans l'audace sexuelle de la première scène d'amour où c'est la femme qui manifeste le plus fortement son envie de faire l'amour en déshabillant son homme, ou alors un plan éloquent où, insatisfaite, on la voit manifestement en train de se masturber.
Sans doute doit-on y voir une métaphore du soldat rentré penaud, car revenu de captivité, à qui il est presque reproché de ne pas avoir tué assez de japonais au combat, mais qui montre toute sa force romantique lors du final que je trouve touchant, et là aussi assez surprenant, compte tenu des codes du cinéma américain. Mais Andreï Kontchalovski vient d'ailleurs, et propose sans doute son regard plus acéré sur les troubles de cette relation, dans un très beau film, qui montre que le retour n'est pas toujours le rêve auquel on pense.
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le 15 mars 2024
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