Tout juste mariés, Janine et Henri emménagent dans une vieille bicoque en face de la Manche...la veille du 6 juin 44.
On retrouve là le romanesque façon Lelouch, souvent adossé à l'Histoire. Le cinéaste s'apprête à survoler trente années de mariage dans un récit nécessairement réducteur. La maison vétuste du couple est essentielle; elle le décor unique du film -à peine traverse-t-on la rue- et détermine la mise en scène de Lelouch en même temps qu'elle symbolise l'enfermement que constitue le mariage au yeux du réalisateur (avec cette fenêtre, si difficile à ouvrir, donnant sur la mer et l'horizon...).
Ce dernier ne dit rien à ce sujet qu'on ne sache déjà mais sa mise en scène est habile pour signifier, de dix ans en dix ans, le désenchantement et le désamour conjugaux qui ont transformé le couple sympathique du 6 juin 44. Habile aussi, c'est-à-dire crédible, la modification physique de Bulle Ogier et Rufus au long de trois décennies.
Le ton du film est variable, naviguant entre la comédie, l'ironie acerbe et l'amertume. Lelouch parvient, et c'est tout le mérite de son film, à décrire en 1h34 -c'est peu pour lui!- toute une existence écoulée. C'est donc que "Mariage", pas le plus connu de ses films, a de la valeur en plus d'être original.