A Broadway (U.S.A.) Tom et Ellen Bowen (Fred Astaire et Jane Powell) sont sur scène pour un spectacle intitulée « Every night at 7 ». Ils sont frère et sœur et travaillent ensemble depuis longtemps, leur réputation se jouant des frontières. Cela leur vaut une invitation à Londres pour contribuer aux festivités à l’occasion du mariage d’Elizabeth II.
Mignonne, Ellen est très courtisée. Au moment d’embarquer sur le paquebot à destination du vieux continent, elle observe un charmant jeune homme qui semble dire au-revoir à de nombreuses jeunes femmes. La vie sentimentale de lord John Brindale promet d’être aussi tumultueuse que celle d’Ellen. Que John s’intéresse à elle n’est donc pas pour lui déplaire.
Le flirt se poursuit à Londres où, suite à un petit quiproquo, Tom fait la connaissance d’une jeune femme qu’il trouve à son goût. Comme par hasard, elle se présente à une audition comme candidate au spectacle que montent Tom et Ellen. La belle s’appelle Ann Ashmond (Sarah Churchill, fille de Winston) et n’a aucun mal à se faire engager.
Tom et Ellen organisent leurs vies sentimentales discrètement, car ils forment un duo professionnel bien au point et il est convenu entre eux que le travail prime sur tout le reste. Mais chacun des deux est désormais amoureux. La procession nuptiale devant Westminster (images d’archives ?) leur sert de révélateur : eux aussi veulent vraiment se marier. Dialogue savoureux lorsqu’ils annoncent à leur compagnon de fêtes « Nous voulons nous marier » l’autre leur répliquant « Mais … je croyais que vous étiez frère et sœur ! »
Comme dans beaucoup de comédies musicales, le scénario est un prétexte. La vraie réussite du film, c’est sa partie comédie musicale qui comprend quelques temps forts (en ce qui concerne la chorégraphie, la partie proprement musicale n'étant pas particulièrement marquante). D’abord, sur le paquebot, Fred Astaire s’échauffe seul dans une salle de sport. Il faut le voir jouer avec un porte-manteau à base circulaire. Il en fait ce qu’il veut, avec grâce et une maîtrise corporelle d’une rare évidence. Fred Astaire n’a pas le charme d’un Gene Kelly. Mais alors, quelle aisance ! Quelle gestuelle ! Quel danseur !
Ensuite, toujours sur le paquebot, Tom et Ellen sont invités à se produire devant les autres passagers dans la salle de bal alors que, dehors, la tempête fait rage. Du coup, le bateau tangue. Cela donne de beaux effets, avec les danseurs qui ont de plus en plus de mal à maîtriser leur équilibre, atterrissant finalement dans un canapé qui glissait derrière eux. On imagine le plateau sur un gigantesque piédestal qu’une machinerie incline pour de bon, face à la caméra.
Puis, à Londres, alors que Tom devient fou amoureux d’Ann, dans sa chambre d’hôtel il ne tient plus en place, danse et se sent pousser des ailes. A tel point qu’il monte au mur et finit par danser au plafond ! Si le numéro de danse est époustouflant, la séquence est une prouesse technique (pour l’époque, le film date de 1950), car Fred Astaire passe d’un support à l’autre de façon naturelle et fluide. Effet spécial garanti sans bidouillage numérique. On a l’impression que ses pieds sont comme aimantés par les parois de sa chambre. Il grimpe aux murs avec l’aisance d’une araignée. Idem au plafond. Et, bien-sûr, il danse toujours avec la même aisance.
Bref, un an avant Chantons sous la pluie Stanley Donen montre ici un réel talent pour ce genre particulier qu’est la comédie musicale.