Le Duvivier d'après-guerre n'est plus le Duvivier d'antan... Finalement, ses chouettes comédies populaires d'alors vieillissent beaucoup mieux que ce genre de chose, adaptation en deux films (une version teutonne et celle-là pour les Français) d'une histoire romantique d'après Peter de Mendelssohn avec Vincent l'Argentin, Français de la pampa qui arrive dans un château de Bavière qui fait office de pensionnat pour les enfants à moitié abandonnés par leur famille...

Très chouette pensionnat ceci dit, un hall de cathédrale, des jardins merveilleux tenus par Dieu le père, un lac majestueux et de l'autre côté, dans le brouillard, un manoir hanté... En plus, deux heures de cours par jour, un professeur bon enfant qui leur lit du Nietzsche au lieu du bénédicité et la nature comme surveillant.

Avec ça, les bandes de fripons habituelles, et Vincent qui arrive au milieu auréolé d'exotisme sauvage, chantant les chevaux fous dans une langue inconnue avec sa guitare et sa mélancolie. Ambiance de conte fantastique aussi, et éveil à l'amour de toute une tripotée de bambins autour de cette mystérieuse Marianne cloîtrée dans le manoir d'en face, protégée par un colosse aux sourcils gigantesques et ses deux chiens démoniaques. Et derrière ce majordome obéissant, un mystérieux chevalier boiteux...

Les acteurs, Pierre Vaneck en tête, sont absolument insupportables, jouant tous comme Jean Marais à ses débuts, avec l'affreuse voix off de Gil Vidal et l'ignoble exagération littéraire... Duvivier a bien du mal à rendre l'ensemble acceptable... et encore... Il me faut retrouver ici tout le charme de mes lectures enfantines, tous ces livres que plus personne ne lit depuis les années cinquante et que plus personne le lira de nouveau, et alors, alors seulement, je m'émerveille un peu devant ces forêts magnifiques au milieu des montagnes somptueuses et puis j'aime bien les jolies biches qui vous lèchent les mains affectueusement...

Non, mais parce que, sinon, franchement, les amoureux romantiques en culottes bavaroises, normalement, c'est condamné par le tribunal de La Haye.

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le 14 sept. 2012

Modifiée

le 16 sept. 2012

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Torpenn

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