Marie-Antoinette par Nicolas Montagne

Après deux films/démarrages en trombe s'il en était, il fallait que la Sofia assure avec son prochain film, alors quand on a eu droit à l'annonce de ce Marie-Antoinette, on ne pouvait qu'être enthousiaste, tant la vie de cette autrichienne devenue reine de France recèle de thèmes chers à la jeune réalisatrice, ces thèmes qui ont fait son succès. C'est ce qui a été principalement reproché au film: cette stagnation dans l'adolescence dorée.

Pourtant, on ne peut s'empêcher de remarquer une gradation dans le désespoir au fil des films. Au début, on a des filles qui se suicident, et qui donc ne vivent plus leur désespoir, puis, deux âmes qui se rencontrent dans un monde douillé mais complétement désorientant. Ici, c'est le destin d'une jeune fille qui n'a jamais voulu de cette vie mais qui doit la vivre quand même. C'est romancé mais cela retranscrit parfaitement la pensée de l'auteur. Le fait d'actualiser ce destin en mettant une musique rock et des converses ne fait qu'ajouter à l'aspect "documentaire ado": cette jeune fille est peut-être reine, mais ce pourrait être n'importe qui aujourd'hui, coincé dans un monde dont il ne veut pas.

Par ailleurs, la finesse de la mise en scène et de la narration chez Sofia Coppola fait ici ses preuves: pour suggèrer un bon de six ans en avant, au lieu de montrer la longue maladie et la mort horrible du premier fils de Marie-Antoinette et Louis XVI, on a droit à un tableau de la famille avec le fils en question, puis le même tableau mais sans le fils, image de la douleur du couple.

Le système de répétition dans la narration donne aussi toute sa force au récit: toujours la même chose, le même rituel et rien qui ne puisse être fait pour lutter contre. Les jérémiades et les calomnies de la cour ne sont pas pour autant une démonstration de manichéisme car les personnes qui font du mal à Marie-Antoinette sont aussi les seuls amis qu'elle ait.