Pauvre Marie-Antoinette, non seulement, elle a perdu la tête mais, du moins de ceux que j'ai vus, en plus, elle n’a jamais eu le droit à un biopic digne de ce nom. Et ce n'est pas ce Marie-Antoinette, version MGM 1938, qui va me faire changer d'avis.


Pourtant, il y avait des atouts. Tout d'abord, quand il s'agissait de reconstitutions historiques, la firme au lion, à cette époque, ne faisait jamais les choses à moitié. Niveau décors, accessoires et figurants, on en a plein les mirettes. Les costumes (bien que les robes ont la fâcheuse tendance plus faire XIXe que XVIIIe !) aussi assurent le job. Côté casting, Norma Shearer est très convaincante dans le rôle-titre. Et du point de vue seconds rôles, si Tyrone Power en Axel de Fersen est anecdotique (peu aidé par son peu de scènes, mais je vais y revenir !), Robert Morley, en figure tragique d'un Louis XVI, conscient qu'il doit porter des habits trop grands pour lui, et Joseph Schildkraut, ne cachant même pas sa joie de faire plonger son personnage dans la vilenie, en Duc d'Orléans, sont excellents.


Non, le gros problème est du côté du scénario. Lors du générique de début, on pouvait se montrer rassuré lorsqu'il était marqué que le film a été inspiré en partie par l'excellente, passionnante et indispensable biographie de Stefan Zweig ; oui, mais "en partie"... Hollywood et la réalité historique ont toujours fait deux, c'est un fait. Mais on pouvait l'excuser quand il s'agissait de rendre l'histoire sans majuscule plus excitante. Or, en plus de ne pas respecter une Histoire avec majuscule qui n'avait nullement besoin d'être modifiée pour faire un film excitant, là, ce n'est pas le cas.


En fait, le résumé du film c'est une heure sur le conflit, brodé à 99 % par l'imagination des scénaristes, entre la future reine et Madame du Barry qui n'aboutit sur rien, ensuite on a l'histoire d'amour avec Fersen qui est expédiée vite fait en trois scènes, ensuite si la reine est devenue impopulaire, c'est d'un coup, à cause d'un collier et non pas progressivement. La Princesse de Lamballe, quant à elle, a l'air de n'avoir existé qu'à partir de la fuite de Varennes (alors qu'elle n'y était pas en plus !) et puis voilà... Tous faits historiques qui auraient pu donner quelque chose de fort cinématographiquement, comme le procès de la Reine par exemple, sont occultées.


En fait, les scénaristes se sont crus plus forts que la réalité, mais finalement n'ont réussi qu'à donner une fiction vide, sans émotions et sans enjeux.

Plume231
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le 21 févr. 2016

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