Pastiche de film d'espionnage mis en scène par Claude Chabrol qui est une (sorte de) réponse au très sérieux "James Bond contre Docteur No" (un des rares 007 que j'aime bien avec Sean Connery). J'avais toujours voulu voir ce film et n'arrivais pas à le trouver jusqu'à ce qu'un bon samaritain …
Bref, l'idée de départ du film est de mettre en scène ce fameux personnage de Jacques Chazot créé dans les années 50, Marie Chantal Froidevaux des Chatenets, élevée au couvent des oiseaux et snob.
Le synopsis démarre avec Marie-Chantal en voyage pour les sports d'hiver en Suisse. Elle est abordée dans le train par un inconnu qui lui confie un bijou qui se révélera être un objet très recherché et convoité par plusieurs puissances étrangères (évidemment) pas forcément bienveillantes. Nous voilà donc en pleine histoire d'espionnage qui va se poursuivre dans la station de sports d'hiver puis à Agadir.
Avouons que l'histoire en elle-même ne casse pas trois pattes à un canard au même titre, d'ailleurs, de mon point de vue, que bien des films de James Bond. Elle est d'ailleurs traitée avec beaucoup de désinvolture par Chabrol dont je soupçonnerais bien qu'il se soit fait aider par un certain farceur de Bertrand Tavernier que j'ai vu au générique comme chargé de presse. Non, l'intérêt se situe dans la mise en scène et surtout dans le jeu des personnages.
La mise en scène est plutôt sympa que ce soit dans le train, dans les hôtels avec ces jeux de miroir ou d'arrière-plan. Les paysages suisses et marocains sont bien filmés. Les scènes dans le souk ou dans la mosquée sont un peu les clous du spectacle. Même si, à mon avis, aujourd'hui, on aurait pu difficilement tourner la même scène dans une mosquée.
Chabrol met en scène deux sortes de personnages : Marie-Chantal et son mentor Paco Castillo, d'une part. Tous les autres, d'autre part.
C'est Marie-Laforêt qui prête ses traits à Marie-Chantal avec son inimitable voix, pleine de facétie et d'impertinence et avec son beau regard plein de candeur. Et Francisco Rabal le rôle de Paco. Ces deux personnages traversent le film sérieusement, même s'ils sont manipulés sans le savoir.
Par contre, l'espion américain (Charles Denner), russe (Serge Reggiani) ou le docteur Kha (Akim Tamirof) avec son agent trouble (Stephane Audran) surjouent beaucoup leurs personnages avec des accents et des mines pas possibles. J'ai bien aimé le jeu de séduction de Stephane Audran face à Marie Laforêt, presqu'empreint d'un très léger érotisme.
Attention, on n'est pas pour autant dans un film burlesque, encore moins dans le style screwbal. On est dans la parodie sympa et presque rafraichissante. Pas d'avalanche de gags. Non, on est dans le désinvolte.
Peut-être qu'il a manqué au film des dialogues plus travaillés, plus percutants pour apporter un peu de chproum ou de mordant à la comédie d'espionnage.
Pour finir, c'est un film sympa qui se laisse regarder. Une gentille et plaisante récréation que nous propose Claude Chabrol. Avec une Marie Laforêt en agréable espionne ingénue qui se dessale petit à petit.