Un manque de rigueur

Marie-Line et son juge est typiquement le style de film que l'on a déjà vu cent fois. L'éternelle histoire de deux personnages que tout oppose mais qui finiront par s'apprécier malgré leurs différences. Mais pourquoi pas après tout, car il faut bien le dire, le filon est bon, voir même parfois lucratif (cf Intouchables de Toledano et Nakache) et en tout cas pas prêt de s'épuiser. Ce n'est pas le premier et certainement pas le dernier film dans ce style. Bref le manque d'originalité ce n'est en l’occurrence pas vraiment le problème.
Pas plus finalement qu'un quelconque aspect technique ou lié à son interprétation. Le film est plutôt bien réalisé, Louane s'en sort bien et ça fait toujours plaisir de voir Michel Blanc, acteur subtil et atypique qui reste l'anti Depardieu par excellence. Philippe Rebbot fait ce qu'il peut avec un rôle un peu caricatural, mais il reste un personnage comme on dit. Enfin le petit fils de Belmondo fait plutôt bonne figure et montre qu'il ne doit pas uniquement sa présence à son patronyme.

Le défaut du film ça serait plutôt une sorte de manque de rigueur. Pour commencer ça aurait été bien que son propos ça soit vraiment Marie Line et son juge. Or ce n'est pas exactement le cas, en réalité c'est aussi Marie Line et sa famille (son père handicapé et dépressif, sa soeur dealeuse), Marie Line et son copain qui la quitte mais finalement ils se remettent ensemble. Enfin bref vous l'avez compris, comme un nombre trés important de films français, celui-ci ne peut pas simplement se discipliner à suivre une seule trame qui recèle pourtant tout le potentiel qu'il faut pour être intéressant. Il lui faut absolument aussi raconter et montrer d'autres histoires. Il en résulte, comme trés souvent dans ces cas là, un sentiment d'"éparpillement", ou l'on passe d'un truc à l'autre. Comme s'il ne fallait pas trop étouffer ou ennuyer le spectateur avec une seule histoire. Le résultat malheureusement c'est que la tension s'évapore.
La tension s'évapore, mais aussi le narratif car on a trop souvent l'impression que les choses "arrivent comme ça" . Que Marie Line gagne d'abord la confiance, puis l'amitié d'un juge, de surcroît introverti, ça devrait normalement être le résultat d'un certain processus et d'une plus ou moins longue évolution favorisée par certains facteurs ou événements. Or on a l'impression que ça arrive et puis voilà. Au lieu de raconter d'autres histoires, le film aurait peut être mieux fait d'étoffer d'avantage la principale pour la rendre sinon plus crédible du moins plus émouvante. C'est le film tout entier qui en aurait bénéficié.

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