Tourné en 23 jours dans un lieu unique qui est celui d'un salon rustique à l'écart de Paris, ce film demeure l'un des plus grands succès de l'après-guerre du tandem Duvivier-Jeanson, c'est assurément un des meilleurs films français des années 50 qui est adapté librement d'un roman de Jacques Robert. Sa structure est très théâtrale, basée sur le huis-clos et aussi le "whodunit" proche d'un petit côté Agatha Christie style "Dix petits nègres", et d'ailleurs, Duvivier respecte l'unité de lieu, d'action et de temps, mais il évite adroitement la théâtralité d'un tel sujet ; ça n'ennuie jamais, on reste constamment rivé à l'écran en écoutant les dialogues tranchants de Jeanson dits par de grands acteurs, probablement tout le gratin des acteurs français de l'époque, avec une Danielle Darrieux resplendissante entourée par un casting d'hommes de grande tenue.
Car tout l'intérêt du film réside dans les dialogues qui permettent à ces hommes de très grands numéros d'acteurs ; quel plaisir de voir Ventura, Blier, Meurisse, Ivernel, Frankeur, Roquevert ou Dalban s'empoigner pour démasquer le salaud qui a vendu leur réseau de résistance peu avant la Libération, et le film déroule son intrigue adroite tout au long de cette réunion à l'issue inévitable.
A noter que durant l'exclusivité du film, l'entrée des salles était rigoureusement fermée durant les 20 dernières minutes afin de préserver le coup de théâtre final, et d'ailleurs, j'avais beau connaitre ce dénouement, je n'étais pas parti pour le revoir en entier il y a quelques jours, finalement, je me suis laissé happer par son côté captivant et implacable et ses numéros d'acteurs, du coup je remonte ma note et je passe de 8 à 10/10 sans regret !