En 1560 Marie Stuart revient de France où elle était reine,après le décès prématuré du roi François II.Elle reprend alors son poste de reine d'Ecosse mais son règne va être compliqué car elle a le don de se mettre tout le monde à dos,à commencer par sa cousine Elisabeth 1ère,souveraine d'Angleterre, célibataire vieillissante et sans enfant dont elle guigne la succession en sa qualité d'arrière-petite-fille d'Henri VII.Après bien des mésaventures,elle finira par être condamnée à mort et décapitée sur ordre d'Elisabeth en 1587,à l'âge de 44 ans.,le film résumant donc les 27 dernières années de sa vie.Réalisée par la théâtreuse Josie Rourke,dont c'est le premier film,cette production de l'inévitable Working Title de Tim Bevan et Eric Fellner s'appuie sur un scénario de Beau Willimon inspiré d'un livre de John Guy intitulé "Queen of Scots:The true life of Mary Stuart".Le sujet avait déjà été traité à l'écran,notamment dans les versions de John Ford en 36,avec Katharine Hepburn,et de Charles Jarrott en 71 avec Vanessa Redgrave.Comme d'habitude avec ces films historiques,la véracité des faits évoqués est sujette à caution.Disons que dans l'ensemble c'est plutôt exact,ce qui permet de se plonger dans les arcanes politiques d'une époque pour le moins rude et agitée,mais que nombre de détails sont modifiés ou inventés.Nous découvrons un monde aristocratique british qui n'a rien à envier à la pourriture des pouvoirs modernes.Le seul objectif est de prendre le pouvoir ou de le garder et tous les moyens sont bons pour y parvenir.Alliances,renversements d'alliance,trahisons,retournements de vestes,mariages arrangés,intrigues de cours,complots,meurtres,émeutes et guerres rythment le joyeux quotidien de ces braves gens guidés par l'ambition dévorante et la paranoïa totale.Et il n'y a pas de famille qui tienne,on ne s'épargne pas entre parents au sein de ces paniers de crabes et de nids de serpents.Les auteurs ont manifestement décidé d'apporter leur touche pas si originale à cette histoire car ils livrent une version à la sauce wokiste des évènements,avec en figure de proue le féminisme.Voici une héroïne,pauvre femme en proie à la brutalité et à la méchanceté des hommes qui va peu à peu nouer une complicité empreinte de sororité avec Elisabeth 1ère,elle-même en proie aux manoeuvres d'un entourage masculin toxique.Sauf que le script se tire des balles dans les pieds en permanence,les deux "victimes" n'étant pas moins spécialistes en duplicité et coups tordus que ces salauds de mecs.Il est vrai que pour s'imposer dans ce milieu il vaut mieux ne pas faire dans les sentiments,le moindre soupçon de faiblesse étant vite exploité par des antagonistes qui n'attendent que ça.Ceci dit,les hommes ne sont pas plus tendres entre eux et ne se font aucun cadeau.Si le film démontre quelque chose,c'est que le pouvoir corrompt et rend dingues tous ceux qui l'exercent ou s'en approchent,quels que soient leurs identités sexuelles ou leurs intentions de départ.Le plus amusant est que le personnage de Marie,qu'on veut visiblement présenter comme positif,est décrit de manière absolument contre-productive.La fille est une péronnelle stupide,prétentieuse et arrogante qui se montre volontiers insultante dès qu'on ne partage pas son avis et a le chic pour vexer et s'aliéner en priorité les gens qui peuvent lui nuire.Du coup on n'est guère ému lorsqu'on finit par lui couper le cigare vu qu'elle l'a pas mal cherché.Avouons que sa position était périlleuse en raison de la double adversité constituée par la rivalité Angleterre-Ecosse et celle opposant catholiques,la religion de Marie,et protestants,le culte majoritaire.Autre totem woke mis en avant,l'homosexualité.Le fait que le second époux de la Stuart,son cousin Henry,oui c'est la famille tuyau de poêle et consanguinité à tous les étages là-dedans,et le favori de la reine David Rizzio soient des invertis est historiquement douteux mais là on a l'air d'en être certain.Et puis on nous colle des racisés dans tous les coins,on ne savait pas qu'il y avait autant de noirs en Grande-Bretagne en ce temps-là mais nous voilà renseignés,même si c'est carrément faux.L'ambassadeur Lord Randolph,incarné ici par Adrian Lester,était pourtant tout ce qu'il y a de blanc,tout comme l'Italien Rizzio qu'on fait jouer par un porto-ricain.Mais bon faut ce qu'il faut pour bien faire entrer la propagande progressiste dans les esprits obtus des spectateurs.Sinon on suit globalement le récit sans cependant tout comprendre parce que c'est quand même un sacré sac de noeuds ce truc et on a parfois du mal à démêler les rapports qu'entretiennent les uns avec les autres,les liens familiaux,les hiérarchies ou les raisons d'agir des personnages.A part ça c'est bien foutu,les anglais savent faire ce genre de films et c'est plein de landes désertes,de sombres châteaux,de costumes chamarrés,de coiffures savantes et de maquillages rigolos qui rendent nombre d'acteurs méconnaissables.On n'a toutefois apparemment pas eu tant de moyens financiers que ça car ça manque un peu de figuration et de chevaux.La bataille entre les troupes de Marie et celles des rebelles est à cet égard consternante,on a deux pelés et trois tondus qui se fritent vaguement,vu que la mère Josie ne sait clairement pas shooter les scènes d'action,près d'un pont bloqué par un troupeau de vaches.Deux stars féminines sont au programme,il fallait bien ça,et si Saoirse Ronan s'en sort admirablement en ambitieuse entêtée et malmenée,Margot Robbie est moins convaincante en reine d'Angleterre indécise,un rôle il est vrai moins en évidence.De solides comparses les entourent avec Guy Pearce en ministre anglais influent et belliqueux,David Tennant en pasteur écossais rigide et bien allumé,Jack Lowden veule à souhait en mari débauché,lâche,alcoolo et homo,une synthèse à lui tout seul,Joe Alwyn en nobliau amant d'Elisabeth qui ne peut l'épouser because la mésalliance,la bellissima Gemma Chan en courtisane anglaise,même s'il est peu probable que Bess de Hardwick fût asiatique,Martin Compston en protecteur de Marie ou Brendan Coyle en aristo ignoble éternellement prêt à trahir pour obtenir des prébendes.