C'est suite au (très) réussi "The Prisoner of Shark Island" que John Ford s'attaque au portrait de Mary Stuart via une adaptation de la pièce "Mary of Scotland" signé Maxwell Anderson. Il ouvre son film sur le retour en Écosse de Mary Stuart et son opposition à Elizabeth Tudor.
Alors, ce n'est pas vraiment par la fidélité historique que John Ford fascine mais plutôt par le portrait de femme qu'il tire de Mary Stuart ainsi que de tous les rouages qui se cachent derrière le pouvoir. Il met en scène une femme forte, amoureuse et idéaliste mais qui va voir ses ambitions freinées par divers éléments, dont sa propre cousine. Car derrière ce portrait de femme, John Ford analyse ce qui se cache derrière le pouvoir, les rapports entre Mary et la cour, sa famille ou encore ses ministres et il prend bien soin de mettre en avant toutes les trahisons, fidélité, diplomatie, jalousie ou autres différents religieux, élément au cœur du retour de Mary Stuart.
Néanmoins, John Ford n'évite pas quelques pièges des adaptations théâtrales, à commencer par le dosage des dialogues rendant certaines scènes trop bavardes, ce qui est assez gênant par moments. Mais c'est aussi par les rôles masculins que "Marie Stuart" ne convainc guère et notamment celui du roi efféminé qui frôle la caricature et le ridicule, c'est dommage mais malgré tout, c'est là que Ford montre tout son talent car il arrive à rendre ce portrait de Mary Stuart fort intéressant et notamment par l'atmosphère qui se dégage de son récit.
Car Ford sublime son interprète principale Katharine Hepburn, faisant ressortir l'émotion et la complexité qui se dégagent de ses enjeux et son personnage. Sa réalisation est là aussi assez audacieuse, notamment lors de la scène du procès, il alterne par moment avec de superbes gros plans et joue à merveille avec le contraste du noir et blanc, sublimé par une belle photographie. La reconstitution est aussi excellente, que ce soit au niveau des décors ou des costumes et le réalisateur américain sait bien les mettre en valeur.
Bref, un film imparfait, parfois freiné par son académisme et les pièges de la théâtralité mais qui n'en reste pas moins fort intéressant, orchestré d'une main de maître par John Ford et brillamment interprété par Katharine Hepburn.