Les films noirs d'Otto Preminger dans sa période d'après-guerre. En 1944, ce fut le coup de maître "Laura" puis arrivèrent, entre autres, deux polars "le mystérieux docteur Korvo" en 1949 et "Mark Dixon Détective" en 1950.
Le point commun de ces trois films est la présence de Gene Tierney.
Et en ce qui concerne "Laura " et "Mark Dixon Détective", c'est le couple Gene Tierney et Dana Andrews qui est l'invariant.
Un petit couplet sur le titre. Le titre original "Where the sidewalk ends" me semble apporter une appréciation plus glauque, plus noire que le titre choisi par les distributeurs français qui font ici plutôt dans l'académisme. Et ce d'autant que le générique montre bien ce qui arrive quand, par temps de pluie et la nuit, on descend du trottoir …Tout ceci n'étant, en fait, qu'une métaphore du monde de la pègre …
Le scénario traite d'une histoire policière autour d'un flic Mark Dixon. Le personnage est complexe. Comme il est plutôt violent dans ses investigations, sa hiérarchie le lui reproche : "ton boulot c'est d'arrêter les criminels, pas de les punir". Son comportement est une sorte de réaction contre son père qui était gangster et contre cette pègre qui lui a pourri son enfance. Mais le flic est aussi en proie au doute d'autant qu'il va lui-même se retrouver dans une situation embarrassante où il se retrouve face à son destin qu'il a tant voulu fuir en devenant flic.
Alors qu'il vient "de descendre du trottoir" pour "patauger dans le caniveau", une femme, Morgan, surgit qui, inconsciemment, va lui montrer le chemin pour "remonter sur le trottoir".
Il est temps de parler des acteurs qui sont au centre de cette intrigue.
Le flic Mark Dixon est interprété efficacement par Dana Andrews qui traduit bien le dilemme auquel est confronté le flic en permanence face à la pègre. Son visage impassible masque son tourment intérieur qu'il s'interdit de partager.
La femme, Morgan, dont je parlais tantôt est jouée par Gene Tierney. Contrairement au film noir classique, il ne s'agit pas d'une femme fatale qui va entrainer le héros vers le côté obscur. Même si, elle est l'épouse d'un vaurien et qu'elle laisse planer le doute au début, elle est droite et morale dans ses agissements. Son beau visage et son chaud regard, bien travaillés par la photographie, ne trompent pas.
La photographie N&B est remarquable et est assurée par Joseph LaShelle qui avait déjà œuvré sur le film "Laura". Les décors en arrière-plan de la ville sont très minutieusement travaillés et bien que réalisés entièrement en studio sont très convaincants. Un bonus du DVD explique dans le détail les dessous techniques de mise en œuvre des éclairages pour obtenir les bons contrastes et réussir la photographie.
Un très bon film de Preminger, passionnant et efficace.