Les histoires de couple et de désamour passionnent Noah Baumbach (Les Berkman se séparent), inlassable chroniqueur de l'intime, que l'on a peut-être trop hâtivement comparé à Woody Allen, voire à Rohmer. Ce qui est certain, c'est que comme ses précédents films, Marriage Story est une oeuvre de scénariste infiniment doué, aux dialogues très écrits, ce qui en ferait presque une anomalie dans le cinéma américain actuel. Le film, dans ce récit d'un divorce douloureux, n'évoque que de loin le célèbre Kramer contre Kramer, même s'il y a la garde d'un enfant comme enjeu. C'est aussi, d'une certaine façon, le mode de vie de New York qui s'oppose à celui de Los Angeles, à travers le cheminement d'artiste des deux personnages principaux. Le film se place du côté masculin, narrativement s'entend, montrant une grande bienveillance à l'égard de ses deux protagonistes, finalement entraînés plus loin qu'ils ne le souhaiteraient dans une bataille juridique orchestré par deux avocats hauts en couleur (Laura Dern et Ray Liotta, excellents). On est loin du film de Benton cité plus haut car Baumbach utilise sans excès les armes du mélodrame, choisissant la sensibilité et la délicatesse pour évoquer autant ce qui rapproche que ce qui sépare les futurs ex. Les personnages, joués avec un égal talent par Adam Driver et Scarlett Johansson, sont attachant parce que largement imparfaits et (assez) souvent lucides sur leurs propres défauts. Très émouvant dans ses dernières minutes, Marriage Story se révèle certainement un peu trop étiré et minutieux et a par instant de vraies sautes de rythme. Mais sa longueur fait sens, démontrant s'il en était besoin qu'un divorce est un chemin escarpé et lancinant et a beaucoup à voir avec un deuil. Celui d'un amour vaincu par l'usure du temps et qui laisse en même temps avec lui des souvenirs de jours heureux.