Martha Marcy May Marlène est un film bouleversant, oppressant, qui prend aux tripes. Elisabeth Olsen excelle dans ce rôle de fille désaxée, paumée dans son passé infernal au sein d'une secte, au premiers abords idyllique, et qui se révèle être un véritable cauchemar.
La force du film est à mon sens de ne pas avoir une construction linéaire, ce qui laisse planer le malaise et entraîne le spectateur dans la perception et l'esprit tourmenté de Martha : le récit commence en effet avec la fuite de la jeune fille. Toutes les images de la communauté que nous voyons ensuite nous dérangent : nous avons l'impression d'avoir une longueur d'avance sur la jeune fille, et la voir s'intégrer, s'émerveiller quelques fois renforce notre malaise, car nous savons dans quelle spirale elle est alors entraînée. Les paysages magnifiques, les scènes de partage qui nous auraient trompés, si ils avaient été présentes au début du film, nous semblent alors dérangeants et malsains. (Je pense par exemple à la scène où Patrick joue un morceau de guitare, moment doux et sombre à la fois).
En alternant souvenirs et présent, la frontière entre rêve et réalité s'estompe peu à peu, et nous tombons dans la léthargie de Martha (qui avoue elle même confondre rêve et réalité dans un dialogue avec sa soeur). L'environnement des personnages, avec le bruit de l'eau et des grillons, qui ne cesse jamais, semble nous bercer dans ce doux rêve paranoïaque. Les accès de colère de l'héroïne, ses inquiétudes, nous oppressent. Nous avons l'impression qu'elle va parler à tout moment, mais ce n'est pas le cas. Sommes nous dans son esprit ? Est-ce la réalité ou seulement un délire ? Où se trouve le vrai ? Les personnages de Lucy (sa soeur) et de son mari, semblent seuls représenter le vrai, mais est-ce seulement parce qu'il ne connaissent pas le passé de Martha et ne perçoivent donc pas ce que nous, spectateurs, voyons ?
Tout cela restera en suspens. La scène de fin magistrale (et extrêmement frustrante) ne nous fera pas quitter le malaise.
mmcty
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le 22 mars 2012

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