Le film démarre bien et nous plonge de suite dans l'horreur de la Grande Guerre et de ses tranchées ; mais c'est bien l'arrière-front qui est essentiellement mis en scène ici.
Comme le laisse deviner le titre et l'affiche, une histoire d'amour va se nouer entre Simon (Guillaume Depardieu) et Marthe (Clotilde Courau), lors de la convalescence de ce soldat juif alsacien (précision qui n'apporte rien au récit).
Marthe, est déjà fiancée à un autre soldat parti au front. Cela n'est pendant un temps plus évoqué, si bien qu'on se perd entre ses intentions et sa grossesse. Les allers-retours entre le retour au front et la convalescence nous font perdre un peu de fil conducteur.
J'avais apprécié les précédents films intimistes de Jean-Loup Hubert, mais ici les scènes d'amour sont interminables et vraiment pesantes. La scène de la toilette de Simon est presque grotesque. Les dialogues sonnent faux - avec des "je t'aime" en veux-tu en voilà - si bien qu'on a parfois l'impression que les deux principaux protagonistes récitent leurs textes. Les communications épistolaires font également très "roman à l'eau de rose". On veut tellement véhiculer de l'émotion que cela en devient forcé.
Le personnage de Martin est un cocu tellement magnanime qu'il en devient peu crédible.
On passera sur les quelques poncifs relayés ici sur l'Histoire de la Grande Guerre. Des propos racistes de poilus métropolitains envers le marocain... on semble oublier que la plupart de ces hommes parlaient des dialectes différents (autant qu'il y avait de régions). Il est également émis le fait que les tirailleurs africains étaient systématiquement envoyés en première ligne, ce qui est historiquement faux (la proportion de tués/mobilisés étaient sensiblement la même que chez les poilus métropolitains). Cela n'enlève toutefois rien au respect qui leur est dû. Néanmoins, c'est un sujet qui n'a rien à voir avec le synopsis, mais qui est évoqué à travers une phrase balancé au détour d'une conversation, pour faire bien.
Sinon, un excellent Gérard Jugnot interprète un estropié pour qui la guerre est finie ; mais qui se demande quel avenir sera possible pour lui, surtout sentimentalement, étant donné son handicap. Il est vraiment touchant dans son rôle, tout comme Serge Riaboukine d'ailleurs. Ce sont vraiment ces deux personnages qui nous sortent de l'ennui en redonnant un peu de réalisme et de profondeur au film. Il est vraiment dommage que leurs places n'aient pas été plus importantes, car pour le coup ils sont très bien sentis et bien écrits.
C'est donc un film avec des qualités mais avec beaucoup trop de longueurs. Jean-Loup Hubert, très bon quand il s'agit de traiter des questions sociologiques, semble tomber dans le piège de trop en faire pour ce qui est de la romance. L'histoire m'a fait penser au chef-d’œuvre de Douglas Sirk, Le Temps d'aimer et le Temps de mourir, mais contrairement à ce film, il lui manque ce souffle romanesque.