Cela fait des années que j'entends parler de Martyrs, comme étant l'une des références du cinéma d'horreur français. Et bien le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il mérite amplement sa place dans le panthéon des films du genre !
Gênant, angoissant, traumatisant, voici les mots qui me viennent tout de suite à l'esprit pour évoquer mon ressenti après visionnage.
Rares sont les films qui ont su me prendre aux tripes comme celui là, du début jusqu'à la fin.
L'une des forces du film réside dans la puissance de son scénario. Le réalisateur nous balade, il joue avec nous et nos émotions, en développant une première partie somme toute assez classique, dans laquelle l'une des victimes, toujours hantée par son passé, retrouve ses bourreaux et décide de se venger en faisant justice elle même. Pour ensuite mieux nous bousculer en nous embarquant dans une seconde partie au antipode de la première, ou la frustration et le dégout se feront le plus ressentir, faisant ainsi basculer le film dans une autre dimension.
Certaines scènes sont insoutenables, et très déstabilisantes, notamment dans la seconde moitié du film. La réalisation est d'ailleurs parfaitement maitrisée, on a mal, on a peur en voyant ce qu'endurent successivement les deux personnages. D'un côté les hallucinations terrifiantes de Lucie la poussant à la folie, et de l'autre l'impuissance d'Anna qui ne peut que subir face à ces bourreaux. On ressent toute cette souffrance, cette agonie dont on sait d'avance qu'elles n'en ressortiront pas indemnes.
Ce réalisme n'a fait qu'accroitre mon angoisse et mon malaise, au point de constamment me rappeler que ce n'était qu'un film, histoire de me soulager quelque peu.
L'ambiance est qu'en à elle glaçante, oppressante, et participe grandement à nous faire perdre pied.
Le film nous montre également ce que l'espèce humaine peut faire de pire pour arriver à ses fins, à tel point qu'une certaine frustration nait dans le second acte, en comprenant que cette fois les bourreaux seront intouchables, leur pouvoir est trop grand, leur contrôle est total sur la victime, qu'en à elle impuissante, fatiguée et déjà condamnée. On prend peu à peu conscience que la vengeance n'aura aucune place, et bien qu'elle ne mérite pas un tel châtiment, seule la souffrance attend Anna jusqu'au bout.
Alors oui le film est choquant, mais soyons honnête, il ne peut en aucun cas être méprisé qu'au seul titre de posséder des scènes extrêmement violentes. Car rien n'est laissé au hasard, chaque séquence, aussi violente qu'elle puisse paraitre, a son importance dans l'intrigue et sert le propos du film, à savoir nous montrer ce que peut engendrer la violence extrême chez la victime.
Le film est certes violent, mais c'est le parti pris du réalisateur, on adhère ou pas.
Ce que je retiens avant tout, c'est que Martyrs fait frémir, il fait mal, ne serait-ce donc pas cela, le but d'un film d'horreur ?