Après un Saint Ange inégal, empreint des cinémas espagnol et japonais, le réalisateur français Pascal Laugier s'attèle à l'œuvre d'un film pour le moins original mais sans réel synopsis ; l'histoire d'une fille, ayant été enlevée dans sa jeunesse et ayant réussi à s'échapper, retrouve ses agresseurs et sonne à la peur... Ni plus ni moins. La surprise est donc à son comble après quelques teasers intrigants. La surprise, puis la claque et l'émerveillement, Laugier recréant littéralement le cinéma de genre français...
Gore, terriblement violent, dérangeant parfois, émouvant à d'autres moments, Martyrs surprend indéniablement. Pourtant, ça n'est pas parce qu'il y a du sang que c'est un film d'horreur. Ça n'est pas parce que c'est gore que c'est est une énième tentative française de faire du torture-porn influencée par Saw et consorts. Et ce n'est pas parce le début du film se passe tel que décrit dans le synopsis que c'est une histoire de vengeance. Martyrs est une œuvre unique, à part entière, totalement maîtrisée par son créateur et littéralement habitée d'un réalisme surprenant. Une claque donc.
Un nouveau départ pour le film de genre. Une réflexion. Une simple réflexion sur un mot. L'interprétation est juste (pas un seul débordement), la réalisation exemplaire (Laugier fait preuve d'un savoir-faire méticuleux et d'une simplicité monstrueuse), les maquillages réalistes et le scénario hallucinant de réflexion et de créativité. Les décors sont des acteurs à part entière, baignant dans une ambiance froide, glacée, étouffante. La fin est tout simplement majestueuse et originale. Bravo M. Laugier, vous avez tenu votre pari et vous rejoignez les maitres du genre.