C'est que cela fait tout drôle de voir en entame d'un film d'animation, à la patte Ghibli reconnaissable entre mille, autre chose que le logo du studio frappé du célèbre et iconique Totoro. Tout aussi étrange de voir cet emblème aux fausses allures du mythe, alors même qu'il n'est pas encore éteint... Pour le moment.
Cela fait tout drôle de découvrir le nom de la nouvelle structure, le studio Ponoc, et avoir entre les mains cette certaine idée de l'animation nippone, d'une certaine part de magie, quand celle-ci était orchestrée d'une main de fer et délicate par le monument Hayao Miyazaki.
Je parlais de magie. Pile dans le sujet, dîtes donc. Car Mary et la Fleur de la Sorcière cause de magie. Celle que la structure dissidente, mais héritière a su, de manière miraculeuse, préserver comme une flamme qui vacillerait. Tout en convoquant l'héritage, tout au long de la lecture des pages du grimoire. Ses figures les plus identifiables pour les amoureux d'animation. Peut être parfois trop appuyées, par instants.
Ce qui fera, je n'en doute pas, dire aux pisse-vinaigres que le recyclage qu'ils qualifieront de servile et sans âme tuera dans l'oeuf la tentative d'alternative que pourrait représenter Ponoc. Merde, après tout, quelle tare malheureuse que celle de voir toujours le verre à moitié vide...
Ils n'apprécieront sans doute pas plus de constater que Mary et la Fleur de la Sorcière reprend l'approche des derniers nés. Celle des Château Ambulant, des Arrietty, des Souvenirs de Marnie, dans l'adaptation d'oeuvres littéraires anglo-saxonnes.
Mais il serait hypocrite de ne pas reconnaître que la petite Mary porte haut le flambeau. Celui d'une animation superbe, au graphisme rond et caractéristique de ses personnages, de ses sublimes décors toujours baignés d'une campagne souveraine de majesté.
Les fans ne seront pas déçus, c'est une certitude. Ils y retrouveront tout ce qu'ils attendent, dans un sens du rythme et du timing parfait, dans un mélange d'une certaine naïveté rafraichissante de dramatisation des enjeux typique et de convocation de l'argument fantastique séduisant. Tout cela fait remonter des fragments du souvenir d'un Château Ambulant ou d'un Château dans le Ciel des plus réjouissants.
L'alchimie est connue. Sa recette aussi. Mais la magie qui en résulte est quasi intacte.Même si Ponoc semble parfois un peu écrasé par les composantes de son ADN et ses influences qu'il perpétue et met en scène. Comme s'il lisait un grimoire qui n'était pas encore le sien.
Mary et la Fleur de la Sorcière n'est que la première page d'un nouveau livre qui reste à écrire. L'ingrédient principal est là : la magie. Celle de la découverte. Celle de l'émerveillement. Celle du soulagement, tant le début de cette nouvelle histoire semble augurer du meilleur pour l'avenir.
Le seul reproche que l'on pourrait peut être émettre, c'est que l'on a un peu de mal à se dire que Hiromasa Yonebayashi, l'élève besogneux que Miyazaki n'hésitait pas à dénigrer ouvertement du temps de Ghibli, se cache derrière cette fleur de la sorcière, qui pourra sans doute être interprété comme une allégorie du studio. Car la triste mélancolie du réalisateur n'affleure que par à-coups légers, sans jamais renouer avec les sommets sentimentaux de son formidable et déchirant Souvenirs de Marnie.
Pourtant, sa nouvelle petite sorcière, aussi maladroite que hardie, enchante de jolie manière l'heure quarante de sa projection, aussi rare que précieuse en ces temps d'OPA très peu amicale, tant sur les écrans que sur les temps de cerveau (plus ou moins) disponibles. Car, pour voir Mary et la Fleur de la Sorcière, il ne sera pas interdit au spectateur d'essayer de s'improviser magicien... Afin de se téléporter dans un des rares cinémas à le proposer.
De là à considérer qu'un peu de magie ne serait pas de refus histoire de réenchanter ce triste monde culturel...
Behind_Ma sorcière bien aimée_the_Mask.