⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Maryline parle dans sa cuisine à quelqu'un qui n'est pas là, marmonnant des mots que l'on ne comprend pas. Un verre de vin et un scénario à portée de main, elle apprend son texte, le répète, le joue, le cherche, l'incarne, déjà habitée dans un temps qui n'est même pas encore celui des coulisses.
La scène dure moins d'une minute. Un pur moment de cinéma pendant lequel on est tout entier suspendu aux murmures d'une actrice interprétant une actrice interprétant... Vertige double pour coup de cœur décuplé : Adeline d'Hermy, qui vaut qu'on aille voir le film rien que pour elle et s'impose en une scène comme la plus belle révélation de l'année ; dans le rôle, justement, d'une actrice qui se révèle. Et qui vient désormais concurrencer Laetitia Dosch (Jeune femme) pour le prochain César de la meilleure actrice.


Pour son second long de cinéma, Gallienne quitte l'autobiographie sans toutefois trop s'éloigner de son univers : le personnage de Maryline lui a été inspiré par une femme qu'il connaît et le sujet au cœur du film (les difficultés du métier d'acteur, le rapport aux mots) lui est tout aussi familier. Continuer de naviguer ainsi dans sa zone de confort sur le plan de l'histoire lui permet sans doute de s'affirmer en tant que réalisateur : formellement, son film est précis, élégant, maîtrisé, et met en valeur l'intégralité d'un casting riche et enthousiasmant.


Présenté par une bande-annonce qui met en avant sa légèreté (les éléments de comédie, s'ils fonctionnent parfaitement, sont finalement assez rares), le film trace le parcours douloureux d'une jeune actrice littéralement tétanisée : par la peur de décevoir, par la violence d'un réalisateur ou d'une maquilleuse humiliants, par le poids de la petite vie de province, par le charisme d'une star, par la difficulté d'articuler les émotions.
Un magnifique portrait de femme rare en ce qu'il captive et émeut moins pour ses paroles que pour ses silences, parfaitement bouclé par une scène finale cohérente et poétique qui tire les larmes pour de bon autour d'une dernière avalanche de mots muets. Les plus beaux.

AlexandreAgnes
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films français de 2017

Créée

le 20 nov. 2017

Critique lue 1.1K fois

12 j'aime

2 commentaires

Alex

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

12
2

D'autres avis sur Maryline

Maryline
AlexandreAgnes
8

La beauté de la parole empêchée

Maryline parle dans sa cuisine à quelqu'un qui n'est pas là, marmonnant des mots que l'on ne comprend pas. Un verre de vin et un scénario à portée de main, elle apprend son texte, le répète, le joue,...

Par

le 20 nov. 2017

12 j'aime

2

Maryline
eloch
6

Cette blessure ...

Après l’immense succès de Guillaume et les garçons à table, Guillaume Gallienne revient avec un 2e film radicalement différent. Il lorgne largement vers le drame, parfois un peu trop misérabiliste,...

le 16 nov. 2017

10 j'aime

Maryline
oggy-at-the-movies
4

Gallienne égaré dans le drame

Cette critique est également disponible sur mon blog. Vu au Festival du film francophone d'Angoulême en août 2017. Maryline est film assez obscur, pesant dans le mauvais sens du terme, qui devient...

le 14 nov. 2017

9 j'aime

Du même critique

Au revoir là-haut
AlexandreAgnes
9

On dit décidément MONSIEUR Dupontel !

La Rochelle, 26 juin. Jour de mon anniversaire et de l'avant-première de Au revoir là-haut en présence d'Albert Dupontel. Lorsqu'il entre dans la salle à la fin de la projection, le public...

Par

le 27 juin 2017

54 j'aime

4

Mektoub, My Love : Canto uno
AlexandreAgnes
4

Si "le travelling est affaire de morale", ici le panoramique vertical est affaire de vice

Je n'accorde habituellement que très peu de crédit au vieux débat clivant qui oppose bêtement cinéma populaire et cinéma d'auteur (comme si les deux étaient deux genres définitivement distincts et...

Par

le 27 mars 2018

50 j'aime

19

Arès
AlexandreAgnes
6

Ne pas jeter bébé avec l'eau du bain

Voilà un long métrage qui, en apparence, accumule les défauts : une erreur monumentale dans le choix de la date dès le carton d'ouverture (l'action se situe dans un Paris post-apocalyptique...

Par

le 24 nov. 2016

43 j'aime