Entre humour burlesque et satire tendre, « Mascarades » est une fable légère et joyeuse sous le signe de l'amour et de la liberté, une revisite nord-africaine moderne du conte de la belle au bois dormant.
La belle, c'est Rym, jeune fille narcoleptique, sujet de tous les ragots de son petit village algérien, qui entraîne malgré elle, l'opprobre et le mépris sur sa famille. Un foyer composé de son frère Mounir, ainsi que de la femme de celui-ci et de leur jeune fils.
Rym, si elle dort très souvent, rêve également beaucoup, et plus précisément d'un jeune homme avec qui elle vit depuis quelque temps un amour timide et platonique. Le problème c'est que le jeune n'ose se déclarer officiellement, ne pensant être à la hauteur.
Mounir, lui, est du style orgueilleux et frimeur (il préfère dire qu'il est un ingénieur en horticulture, plutôt que jardiner) et prête attention à tout ce que disent les gens.
Or, un jour, particulièrement énervé des ragots sur sa sœur, et accessoirement saoul, Mounir hurle sur la place du village qu'il a trouvé un mari fortuné pour sa sœur. Le mensonge circule, et la famille se trouve dans l'embarras. Mais quand à son tour, Rym accrédite la rumeur, dans le but de faire réagir son amoureux secret, la situation devient incontrôlable. Et comme Mounir devient la star de son village, tout le monde voulant rencontrer le riche promis, celui-ci, rongé par la vanité, s'enfonce dans le mensonge.
Enchaînant les situations loufoques à un rythme soutenu et mettant en scène une galerie de personnages hauts en couleur, le réalisateur nous livre une comédie très drôle et attachante, tout en jetant un regard acerbe mais tendre sur les comportements humains dans le vase clos communautaire d'un petit village de campagne isolé.
Mais surtout, loin des clichés et de l'idéologie que nous assènent les journaux télévisés, Lyes Salem place les femmes au centre de son film. Des femmes fortes qui cherchent à s'émanciper du machisme quotidien, des femmes qui rêvent mais surtout des femmes qui agissent et trouvent des solutions là où les hommes doutent, faibles et impuissants, et ne savent régler leurs problèmes qu'en s'enivrant et se battant.
Au final, un film généreux et positif, qui fera passer un excellent moment, une sorte de Kusturica light version bled.
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