« Pusher » nous fais suivre la descente aux enfers d'un petit dealer danois. Une histoire comme le cinéma en produit à la chaîne, mais le réalisateur parvient pourtant à se démarquer de la vague de films inspirés du succès de Scarface. Ici pas de gloire éphémère et de décadence flamboyante, Refn ne s'attache qu'à la chute sans gloire. Les malfrats ne sont ici que des loosers, ils flambent, ne parlent que de cul, ils rêvent de changer de vie mais n'en ont pas la volonté suffisante. Leur vie ne tient qu'à un fil, une affaire ratée, des dettes qui s'accumulent, et la spirale de la violence.
Six ans avant « The shield », le cinéaste utilise, dans un style proche du documentaire, une caméra portée qui suit constamment l'action, toujours très proche des acteurs. La caméra devient ici presque un personnage secondaire, un témoin objectif et silencieux, l'œil par lequel le spectateur s'immerge dans cette histoire de malfrats.
Avec une réalisation directe, sans effets et sans surenchères, Refn baigne son film d'une atmosphère oppressante presque claustrophobique (nombreuses scènes nocturnes, lieux exigus, musique diégétique assourdissante). La violence y est brutale, subite et les sentiments refoulés.
Réinventant le polar noir moderne, Refn évite toute iconisation, filmant ses personnages dans leur humanité la plus brute, sans porter de jugement. Une histoire pleine de noirceur et de mort, culminant vers une fin attendue mais seulement suggérée, une histoire à laquelle je ne reprocherais que de légères baisses de rythme.
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