Véritable électrochoc à sa sortie aux USA ou lors de sa présentation en festivals, interdit d'exploitation en salles pendant de nombreuses années en Europe (huit ans en France, quinze ans en Grande-Bretagne...), The Texas Chainsaw Massacre fait partie de ces bandes mythiques à la réputation pourtant infondée, ce qui n'enlève rien cependant à sa réussite ou à son pouvoir de fascination, bien au contraire.
Pour qui aura (re)découvert la perle de Tobe Hooper récemment, il apparaîtra effectivement que The Texas Chainsaw Massacre continue de hanter les mémoires pour des raisons pas franchement justifiées. Généralement décrit comme un véritable jeu de massacre gore tourné dans un pur style documentaire, l'ensemble s'éloigne pourtant de cette description.
Certes ancré dans un cadre réaliste par un Tobe Hooper en pleine désillusion, peu confiant envers les dirigeants de son pays, et arborant une image aussi cramé que le cerveau des dégénérés qu'il met en scène (inspirés au passage de l'affaire Ed Gein), The Texas Chainsaw Massacre n'a finalement rien du semi-documentaire, privilégiant une mise en scène au contraire stylisée, aux nombreux plans presque déformés, rapprochant le récit du conte cruel.
Même son de cloche en ce qui concerne un soit-disant déluge de sang qui n'apparaît jamais à l'écran, le cinéaste ayant opté, si l'on excepte des plans aussi brefs que rares, pour une approche basée avant tout sur une suggestion magistralement maîtrisée, nous donnant, à la manière d'un Rosemary's Baby, l'impression de ressentir ou de voir ce qui n'est finalement jamais montré frontalement.
Si l'effroi et surtout le malaise sont à ce point palpables, l'hystérie collective et le travail incroyable effectué sur le son en sont bel et bien la cause principale. Prisonnier de sons stridents, de hurlements, du moteur assourdissant d'une tronçonneuse ou de flashs d'information relatant les découvertes macabres faites aux alentours, le spectateur ne peut que ressentir une terrible sensation d'étouffement, de mal-être total.
Annonçant la future vague de slashers qui inondera les écrans suite aux réussites successives que seront Black Christmas et Halloween, tout en apportant une dimension bien plus profonde au genre, The Texas Chainsaw Massacre n'est peut-être pas le film auquel vous pensez de prime abord. Il est bien plus que cela.