Massacre à la tronçonneuse ou la poésie de l’horreur

Sous le soleil éreintant et suffoquant du Texas, vivez une expérience brutale, crasseuse et malsaine aux cotés d’un groupe de jeunes face à une famille complètement tarée. Produit pas Michael Bay, réalisé par Marcus Nispel, cette revisite du chef d’œuvre de Tobe Hooper mettra l’accent sur la tension, l’action et le suspense…beaucoup de suspense. Bienvenue dans l’univers de Massacre à la tronçonneuse.


Faites la connaissance de la famille Hewitt


Beaucoup s’accordent à dire que la version originale de Massacre à la tronçonneuse est bien telle quelle est. Quel intérêt de faire un remake ? Pourquoi faire le remake d’un film si culte ? Les fans de la première heure étaient en droit d’avoir peur du résultat. Allaient-ils êtres déçus ? Et les nouveaux ? Ceux qui, avec ce remake, découvriront cet univers ? Dans cette nouvelle version, on revient à la vieille école de l’horreur.


Massacre à la tronçonneuse version 2003 sera cru, réaliste, sinistre et sans humour. Michael Bay ou plutôt Michael « Boom » Bay, on le sait tous, il fait généralement des films à gros budget. L’idée de Paltinum Dunes, compagnie de production cinématographique américaine créée par Michael Bay, Brad Fuller et Andrew Form en 2001, spécialisée dans les remakes de films d'horreur "cultes", était de faire des films sous la barre des 20 millions. Ainsi, ce remake n’aura un budget que de 9 millions de dollars, marketing inclus. Massacre à la tronçonneuse est un titre considéré comme un classique. Et les classiques, en théorie, on n’y touche pas. Et si on faisait croire que cette version moderne était tirée d’une histoire vraie ?


C’est sur cette idée que repose ce remake. Le film original sera respecté mais le regard sera neuf. Quelques changements coté personnages, scénario, un réalisateur de publicités en guise de réalisateur, un casting de jeunes acteurs bankable, des couleurs atténuées (couleur « vomi » si vous préférez) mais la seule couleur qu’on verra bien ce sera le rouge « sang », une image belle par son coté inquiétant et étrange permettant d’avoir des ombres plus contrastées, et on est parti.


Marcus Nispel, il a réalisé pas moins de 250 clips musicaux pour des grands de la chanson : Puff Daddy, Mylène Farmer, Janet Jackson. Le réalisateur fait des clips comme des films et des publicités comme des vidéoclips. Pour le remake de Massacre à la tronçonneuse, son premier film, on était curieux de voir comment il se débrouillerait. Epoustouflant, dérangeant, choquant, répugnant jusqu’à avoir la sensation de sentir la puanteur, voila ce qu’on retient du travail de Nispel. Le réalisateur n’a pas voulut faire comme l’original, voulant que les spectateurs croient savoir ce qui va arriver alors que lui veut les surprendre en faisant autre chose. Massacre à la tronçonneuse, visuellement, c’est une fusion entre différents styles de mise en scène.


Quand le morbide se mélangeait à la brutalité, au malsain, au dégueu, et à la claustrophobie


On se retrouve fasciné pendant 1h34, prenant presque un plaisir pervers à suivre les mésaventures de ce groupe de jeunes face à un cauchemar réel. Composé de Jessica Biel, Jonathan Tucker, Mike Vogel et le célèbre R.Lee Ermey, Marcus Nispel peut être fier de son casting. T**ous sont en harmonie avec l’ambiance de notre film**. On pourrait presque croire à leur périple, comme si nous étions avec eux dans ce van, comme si nous prenions part à leur aventure. Chaque personnage a sa personnalité, chacun à ses faiblesses, chacun à cette force l’aidant à se battre pour survivre.


C’est le cas d’Erin, le personnage interprété par Jessica Biel. Véritable garçon manqué mais plus sexy en débardeur qu’un John McClane, l’actrice fait des merveilles. Jessica a grandi à la télévision, on l’a vu notamment dans 7 à la maison, série dans laquelle on l’a vue grandir. Pour l’actrice, c’est un virage qu’elle fait. Ce film casse son image d’enfant-actrice. Elle hurle, elle pleure, elle est déboussolée, choquée, paumée, effrayée mais elle en a dans la culotte, arrivant carrément jusqu’à tenir tête à Leatherface. Une femme forte, intelligente, puisant dans son énergie pour échapper à la mort. Une héroïne battante à ranger aux cotés d’Ellen Ripley, Nikita, Mathilda, Leeloo et Selene.


Pour les autres membres du casting, rien à dire, ils font le job, sont très impliqués, à commencé par Jonathan Tucker bluffant d’authenticité, effrayé au plus haut point jusqu’à en trembler de tous ses membres et même de ses lèvres.


Obligation de parler de R. Lee Ermey, célèbre Sergent Hartman de Full Metal Jacket qui, dans Massacre à la tronçonneuse, interprète un shérif inquiétant, effrayant, corrompu jusqu’au cou, grossier, violent. Un taré bizarre mettant mal à l’aise (cf, la scène de reconstitution du suicide de l’autostoppeuse). Le méchant numéro 2 : c’est lui !


Thomas Brown Hewitt dit « Leatherface », n’est pas le seul monstre de notre histoire. On peut largement y inclure toute sa famille formant un monstre elle aussi. Tous ces personnages en marge de la société sont de véritables psychopathes (sauf le petit dernier). A croire qu’ils sont des fragments de la personnalité de Leatherface, leur fiston complexé par son visage défiguré (par l’acné, de naissance ou à cause de l’insalubrité de cette baraque pourrie remplie de moisissure ?). Leatherface est incarné par Andrew Bryniarski, connu pour son rôle de Zangief dans la version ciné de Street Fighter. L’acteur s’en donne à cœur joie.


1,96 m pour 125 kg, il a l’aspect physique pour faire peur mais il fallait aussi jouer à travers le masque, les mouvements du corps car on ne verra que peu de choses. Il porte un masque qui ne bouge pas (sauf quand il décide d’en porter un autre comme s’il changeait de garde-robe), il se devait donc utiliser tout son corps pour communiquer, faire en sorte qu’on croit à son interprétation. Dans cette version, notre nouveau Leatherface c’est un tenace, il aime ce qu’il fait, il se laisse guider par sa rage. On sent que petit, c’était le genre d’enfant à être harcelé à l’école. Résultat, à présent adulte, c’est une sorte de dangereux maniaque mais surprotégé par sa famille faisant tout pour lui éviter de finir à l’asile ou en prison. Kidnapper des mecs, leur arracher le visage pour le coudre sur le sien, ce n’est pas très normal…


Au final, Massacre à la tronçonneuse 2003 est jubilatoire. Le genre de films d’horreur qui met mal à l’aise mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer presque à la folie puisqu’il combine tout ce qui fait qu’on aime un film d’horreur. On flippe, on stress, on est choqué, on suffoque, on éprouve de l’empathie pour les personnages principaux. L’esthétisme avec ce jeu de lumière et d’ombres, ces quelques séquences filmées à la troisième personne et parfois avec une vieille caméra, cette manière si crue et violente de montrer Leatherface en action font de ce film une véritable pépite aussi culte que son homologue. Et puis Jessica Biel en débardeur blanc, ça ne se refuse pas…

Jay77
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le 4 nov. 2017

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