Un vrai remake, mais un slasher tout ce qu'il y a de plus banal

Le cinéma d’horreur des années 2000 a vu naître beaucoup de remakes, ayant pour but de relancer les plus grands titres du genre (Amityville, La Malédiction, La colline a des yeux, Vendredi 13, Les Griffes de la Nuit…) pour les proposer à une toute nouvelle génération de spectateurs (ces longs-métrages datant principalement des années 70-80). La première modernisation à avoir lancé le mouvement est celle du film de Tobe Hooper, l’incontournable Massacre à la Tronçonneuse. Un projet produit par le bourrin hollywoodien qu’est Michael Bay (Bad Boys, Rock, Armageddon) et qui, aujourd’hui encore, se présente comme la parfaite définition du remake.

Avant de continuer plus loin, il faut se poser cette question : qu’est-ce en réalité un remake ? Un pur copié-collé du film originel ? Où est donc l’intérêt, dans ce cas ? Non, un remake est, comme il est dit dans le paragraphe précédent, est une modernisation. Ce qui implique que la trame principale de l’œuvre de base doit être reprise, sans pour autant empêcher le film de faire ce que bon lui semble, d’emprunter son propre chemin en se permettant quelques changements scénaristiques (pour corriger des défauts du modèle, pour être en adéquation avec son époque, pour proposer une toute nouvelle version à ce que demandent les spectateurs…). Ce Massacre à la Tronçonneuse signé par Marcus Nispel correspond à cette description ! Il reprend donc l’histoire de ces jeunes gens qui se perdent en plein Texas et qui vont tomber sur une famille de psychopathes dont l’un des membres tue à la tronçonneuse. Tout en y proposant des ajouts qui lui sont propres : la famille Sawyer devient Hewitt, les personnages principaux n’ont rien à voir avec ceux du film d’origine (pas de mec en fauteuil roulant), le cannibalisme de la famille Hewitt n’est jamais évoqué (à supposer, du coup, que ce soit le cas), la raison pour laquelle Leatherface porte un masque se montre explicite, des détails scénaristiques changent littéralement (les protagonistes prennent en stop une victime de la famille et non un membre, absence de la séquence du dîner…). Tout en reprenant certains plans du long-métrage de Tobe Hooper par petite dose, sans jamais tombé dans l’overdose comme le fera plus tard Freddy – Les Griffes de la Nuit (Leatherface refermant sa porte violemment, sa première apparition à l’écran, le crochet de boucher…).

Même visuellement, ce Massacre à la Tronçonneuse est irrémédiablement ce qu’aurait dû être le tout premier film, surtout avec une telle histoire et un tel titre : un cauchemar tout ce qu’il y a de plus glauque, morbide et poisseux pour que l’on se sente mal à l’aise dès le début, qui permet de renforcer l’aura diabolique de la famille Hewitt. Si vous n’êtes pas convaincus par cela, attendez de voir Leatherface. Lui, qui a toujours été monté comme un gamin attardé, braillant comme un veau, se montre enfin sous son aspect le plus terrifiant depuis la création de ce serial killer : plus rapide, plus imprévisible, plus concentré sur ses victimes, plus vicieux avec ces dernières. Même son apparence est loin du comique, arborant des teintes beaucoup plus sombres et crades qu’à l’accoutumée. Vous l’aurez compris, cette modernisation de Massacre à la Tronçonneuse se montre bien plus crédible que son modèle de base, qui pourtant arborait des airs de documentaire. D’ailleurs, ce remake n’oublie pas le statut de son aîné en proposant de fausses vidéos pour lancer et clôturer son histoire (remplaçant ainsi les fameux cartons narratifs) tout en lui ajoutant un peu de second degré, un oubli du premier film que regrette son géniteur.

Pourtant, la déception répond tout de même présent, ce Massacre à la Tronçonneuse se présentant à nous comme un film d’horreur tout ce qu’il y a de plus banal. Il est vrai que la mise en scène, plutôt efficace, permet de tenir en haleine, mais jamais le film ne se risque à effrayer comme il se doit le spectateur. Au lieu de ça, le long-métrage de Marcus Nispel reprend toutes les tares connues de ce genre de divertissement : une première partie introductive qui s’éternise, des passages qui se montrent longs et ennuyeux, des personnages idiots qui racontent leurs histoires personnelles sans que cela ait le moindre intérêt, un final qui n’en finit plus, un film qui ne se montre pas suffisamment gore à cause de la censure hollywoodienne, des clichés scénaristiques à tout-va, des comédiens peu mémorables (sauf R. Lee Ermey, l’inoubliable sergent de Full Metal Jacket)… Sans oublier l’aspect symbolique du premier film (dénonciation du Watergate et des illusions de la société dans son ensemble) qui a ici totalement disparu (les scénaristes ne s’étant même pas pris la peine de moderniser cet aspect-là) au profit du divertissement.

S’il se montre à la hauteur de son aïeul de part son respect envers ce dernier et son véritable côté remake, le film de Marcus Nispel ne casse pas trois pattes à un canard, se présentant finalement à nous comme un slasher tout ce qu’il y a de plus basique. Sans jamais chercher à renouveler le genre ni à prendre de réels risques pour se démarquer pleinement. Néanmoins, ce Massacre à la Tronçonneuse est bien plus appréciable et regardable que les trois suites engendrées par le long-métrage de Tobe Hooper, qui n’ont fait que démolir ce dernier au fil des décennies. Et rien que pour cela, le remake mérite le coup d’œil !

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