Le film s'ouvre sur des tombes qu'on profane. L'auteur prend des photos, comme des trophées. Des tombes profanées, sera érigée une sculpture grotesque. Un tribu pour quelle divinité maléfique ?
Le film se clôt sur un gros caprice, celui de Leatherface qui voit s'échapper la seule survivante du massacre.
Entre les deux, une mise en abîme de l'humanité telle qu'on n'en a jamais vu sur un écran.
On ne sort pas indemne de Massacre à la tronçonneuse. On en sort comme du plus effroyable des cauchemars. Car il n'est pas d'expérience sensorielle fictive plus traumatisante et plus viscerale que celle provoquée par le film de Tobe Hooper. L'horreur et la folie qui y sont dépeintes sont tout autant sonores et épidermiques que visuelles.
Texas Chainsaw Massacre, avant tout, parle d'apocalypse. Une apocalypse du corps et du décor. Des corps soumis aux pires dégradations, aux pires martyrs, aux pires dénis : pendu vivant à un crochet de boucher (le clou du film), découpé comme de la viande de boucherie, abattu à coups de massue. Des corps jamais tout à fait morts, comme s'il fallait prolonger leur calvaire : un corps qui ressuscite dans un dernier sursaut, pour s'évader d'un frigo, un corps qui s'agite dans un dernier tremblement, un corps en décomposition qui ne veut pas mourir. Des décors souillés, gagnés par le pourrissement, ruinés.
Une apocalypse des esprits aussi. Dégénérés et déliquescents.