Si "Massacre à la Tronçonneuse" constitua une "date" dans l'histoire du film d'horreur du fait de son réalisme hystérique et halluciné, perçu par beaucoup comme dépassant les limites de ce qui est "montrable" dans une salle de cinéma, on découvre aujourd'hui un film bien différent - et bien supérieur - à ce que sa réputation ultra gore nous laissait prévoir. Car réduire le cinéma de Tobe Hopper aux pulsions primales qu'il révèle (et qui lui valurent 8 ans de censure en France) ne pointe que la méconnaissance des censeurs français : "Massacre à la Tronçonneuse" fonctionne bien mieux si on le regarde comme le verso de cet American Dream survendu à longueur de pellicule par un Hollywood souvent beaucoup trop "recto" : il acquiert alors une véritable dimension politique, que l'on trouve d'ailleurs régulièrement chez les maîtres les plus combatifs du cinéma de genre (pensons par exemple à Carpenter dans le même domaine de l'Horreur). Reste que, indéniablement, le film est remarquable du point de vue plastique, presque expérimental dans la manière dont Hopper utilise la musique et la lumière solaire : de ce fait, il constitue bel et bien une "expérience extrême"... [Critique écrite en 1982]