Inclinez-vous devant le maître Tobe Hooper
Faut pas avoir peur de mettre 10. Pour moi, il s'agit de mon film d'horreur-épouvante préféré, à tous les niveaux. Objectivement, on ne peut pas le rejeter ni l'oublier, c'est sans doutes l'un des plus grands film d'horreur de tous les temps. Ne pas l'admettre serait une faute de goût et de jugement à coup sûr même si je peux comprendre que l'on n'aime pas. Car on peut très bien ne pas aimer un film mais reconnaître qu'il s'agit d'un bon film. C'est deux choses différentes. Mais passons.
Je l'ai (re)vu au cinéma dans le cadre de sa rediffusion en version remasterisé 4K. En 4K bordel!! C'est juste magnifique. Le son a également été amélioré et ça s'entend.
The Texas Chainsaw Massacre. Avec un nom pareil c'était bien déjà parti mais on ne juge pas un produit sur son emballage pas vrai?
Jamais un film n'aura été plus malsain, glauque, violent et terrifiant à la fois que celui-ci. Le film dégage une intensité incomparable et bien qu'il comporte l'un des clichés du film du genre (à savoir une bande d'ado débiles en plein trip qui s'aventurent là où il ne faut pas) on lui en excusera en admettant qu'à l'époque, c'était nouveau et le slasher n'existait pas encore. On pourra également trouver la scène où Franklin dévale une pente et se rétame un brin ridicule et surtout inutile. Ridicule? Oui amusante. Inutile? Non pas tellement. Personnellement, j'y vois déjà un élément annonciateur de l'horreur qui les attendant prochainement. Le camion traversant la route dans un vacarme assourdissant représente déjà la masse de brutalité qui va s'abattre sur eux. Et il en est ainsi dans les scènes suivantes (le taré qu'ils prennent en stop, le van qui manque d'essence), la situation nous indiquant qu'il va se passer quelque chose d'inquiétant.
Ce qui est génial dans Massacre c'est sa mise en scène quasi expérimentale. Les sons, les plans sont assemblés d'une manière qui renforce ce sentiment de malaise de plus en plus fort tout au long du film. D'ailleurs, les bruitages et la bande-son sont d'une puissance incroyable, suffisant déjà à nous rendre tendu et crispés dans nos fauteuils.
Le film n'a pas pris une ride et reste toujours aussi terrifiant 40 ans après. Mélant le glauque et le profondément malsain, Massacre est d'autant plus efficace qu'il n'est pas dénué de sens. Il y a là une véritable critique de la bestialité humaine. Pourquoi croyez-vous qu'on nous parle d'abattoirs au début du film quand Franklin raconte que son père y travaillait, expliquant les diverses techniques de mise à mort d'animaux. Leatherface (lorsqu'il met de côté sa tronçonneuse) tue les protagonistes d'une façon semblable à celle des animaux dans les abattoirs: le coup de marteau sur la tête, suspendu au crochet... Dans le but d'être mangé ensuite. Finalement, n'est-ce pas une manière crue et efficace que de montrer que nous (les Hommes) sommes capables de faire souffrir les animaux pour notre plaisir, autant que nos semblables? Les cinglés de Massacre ne sont-ils pas une caricature de la monstruosité humaine, sadique, brutale et sans pitié?
Les scènes d'horreurs sont parfaitement réalisés, une tension nous malmenant entre une atmosphère plus qu'inquiétante et des sursauts lorsque Leatherface surgit au fond du couloir (mythique). Et cette scène, de nuit, dans laquelle il bondit hors des broussailles pour découper Franklin et se lancer à la poursuite de Sally (mythique). Rien que la scène d'ouverture annonce directement le ton: une émission radio racontant une série de meurtre dans la région et des flash éclairant un cadavre en pleine décomposition. Aussi surprenant que ça puisse paraître, il y a très peu de sang et d'ailleurs, y a pas besoin d'en rajouter.
Notons la performance exceptionnelle de Marilyn Burns, l'une des première "Screaming Queen" du cinéma d'horreur.
Pas trop long, bien mené de bout en bout, Massacre à la tronçonneuse est réussit aussi bien que sur le plan divertissement horrifique que dans la dénonciation intelligente et osée de l'homme dit "civilisé", le tout dans un cynisme et un climat oppressant. Une oeuvre unique et parfaite. Que dire de plus? Un film à voir, à revoir et à revoir encore et toujours.